Pourquoi cherche-t-on à saboter un projet de réforme qui va doubler le nombre d'emplois créés par le secteur de la pêche… Toute tentative de mettre à niveau un secteur économique est impérativement appelée à faire face à des poches de résistance. Ce sont généralement des gens qui tirent profit du statu quo et qui considèrent la réforme comme une menace à leurs intérêts puisqu'elle élargit, développe et démocratise le champ de profit dans le domaine en question. Aussi, incapables de s'adapter à la modernisation de leur secteur, ils s'y opposent et font tout ce qui est entre leurs mains pour freiner le processus. Ils peuvent même aller jusqu'à adopter la stratégie de la terre brûée. C'est ce qui est arrivé, récemment, lors d'une visite d'inspection et de contrôle du respect des normes effectuée par des experts vétérinaires de l'Union européenne aux ports marocains. A cette occasion, un agent actif du lobby anti-réforme du secteur de la pêche, Abderrahmane Yazidi, avait été actionné pour perturber le déroulement de l'inspection ce qui aurait pu faire perdre au Maroc sa licence d'exportation des produits de la pêche. C'est l'exemple type du lobbying dans sa dimension complotiste la plus méprisable puisqu'il s'agit de s'activer contre les intérêts de la nation pour faire perdurer une situation de rente individuelle. On peut aussi s'interroger pourquoi un secrétaire général d'un syndicat de pêcheurs, M. Yazidi en l'occurrence, s'efforce de saboter une opération qui, si elle avait abouti, aurait menacé la stabilité des emplois de ses affiliés ? Etonnant, certes. Mais, il suffit de remonter la filière du lobby anti-modernisation du secteur de la pêche pour tout comprendre. En fait, le travail se fait d'une manière triangulaire. D'un côté, il y a des armateurs qui opèrent dans la production de la farine de poisson et qui voient le plan de modernisation et de développement de la pêche – plus connu sous le nom d'Halieutis – comme une menace pour leurs intérêts étant donné que leur activité est basée sur la prise anarchique de poisson puisque c'est uniquement ce mode de pêche qui leur permet d'avoir du poisson abîmé, donc de la matière première pour leur industrie. D'un autre côté, il y a des syndicalistes qui sabotent le projet de réforme par le bas en le présentant comme une menace pour les salariés et en créant un climat social tendu dans le secteur. Et, troisième pilier de l'opération de parasitage : la désinformation systématique à propos d'Halieutis. Et c'est là qu'interviennent certains médias qui jouent le jeu du lobby anti-modernisation du secteur de la pêche. Il y a un an déjà, notre confrère Khalid Tritki, très branché sur le secteur, écrivait dans un éditorial publié sur un site Web : «le paquebot Halieutis prend l'eau». Cet article et beaucoup d'autres qui ont suivi n'étaient que les prémisses d'une rude campagne anti-Halieutis qui allait être menée de différentes manières. Mais, on y verra plus clair un an plus tard lorsque tous les protagonistes de cette campagne vont regrouper leurs rangs et se réunir dans le cadre d'un dîner-débat où les fariniers et leurs bras syndicalistes et médiatiques vont se rassembler pour ce qu'ils considèrent comme leur grand coup, celui qui fera battre en retraite les promoteurs de la réforme. La réunion ne réunira finalement que peu de gens. Et le supposé dîner-débat ne sera qu'un déferlement de discours à sens unique. Mais, là où les organisateurs de l'événement ont péché c'est quand ils ont fait de la désinformation en faisant croire à l'existence d'un arbitrage royal en cours. Une fausse information qui avait été reprise par quelques médias et qui induit l'ensemble du secteur en erreur. Le plan Halieutis, qui a été présenté à Sa Majesté le Roi le 29 septembre 2009 et qui avait reçu, à cette occasion, la bénédiction et le soutien royal, est un processus irréversible qui conduira, impérativement, à la réforme et à la modernisation du secteur de la pêche. Car, rien ne saurait freiner une opération dont le premier objectif est de multiplier par deux le nombre d'emplois créés par le secteur. A bon entendeur, salut.