La construction maghrébine s'avère être la seule issue à même de tirer vers le haut le développement socio-économique des états et de répondre aux aspirations des populations de la région. Le chômage, la vie chère et le manque de logement secouent le Maghreb. Indignés, des jeunes en Tunisie et en Algérie ont déclenché depuis décembre dernier de violentes vagues de révoltes sociales. Plusieurs villes ont été le théâtre d'affrontements sanglants entre les émeutiers et les forces de l'ordre. Ces actes de protestation ont fait un bilan macabre conséquent qui continue à s'alourdir. Trois morts parmi les manifestants, plus de 800 blessés, dont 763 policiers, et plus de 1.100 arrestations ont été enregistrés en Algérie contre 14 morts à Thala et Kasserine en Tunisie. La montée en puissance de ces mouvements de protestation, revendiquant un meilleur cadre de vie, a remis sur la table la question du développement économique au Maghreb, notamment le rôle que peut jouer un Maghreb uni dans ce sens. Bloquée depuis des années, l'Union du Maghreb Arabe (UMA) s'impose aujourd'hui comme une évidence. La construction maghrébine s'avère être, selon les observateurs, la seule issue à même de tirer vers le haut le développement socio-économique des Etats du Maghreb et de répondre aux aspirations des populations de la région. «De manière globale, la construction maghrébine est notre seule porte de sortie du sous-développement économique. C'est indéniable. L'exemple typique est celui de l'Union européenne qui, disposant d'un pouvoir supranational, affecte une partie des richesses produite par les Etats de l'Union aux régions les plus nécessiteuses pour déboucher sur un développement global équilibré», a souligné M. Belal interrogé sur les mesures de résorber ce genre de tensions sociales maghrébines. Pour Driss Benali, économiste, «l'union du Maghreb favoriserait quelques solutions relatives à la situation actuelle. Mais, il faut que chaque Etat se réforme pour que les pays soient homogènes». Pour lui, «l'union du Maghreb pourrait permettre une réelle dynamique économique, soit 1% de croissance pour chaque pays, ce qui n'est pas moindre, sachant que l'ensemble des pays du Maghreb ne constitue que 2,5% du marché mondial». Dans ce sens, M. Benali appelle le Maroc à faire le premier pas, «la maturité politique n'est pas un rendez-vous. Le Maroc doit être plus dissuasif. Un Maroc fort économiquement peut favoriser l'unité. Parce qu'il ne faut pas qu'un pays ait l'illusion qu'il domine». Ainsi, le développement économique au Maghreb est étroitement lié à une union basée sur la promotion de l'ouverture et de l'échange. Toujours en relation avec les émeutes qui secouent l'Algérie et la Tunisie, la France «déplore les violences» en Tunisie et appelle à l'apaisement, a affirmé, hier, le ministère français des Affaires étrangères, pour qui «seul le dialogue» permettra de surmonter les problèmes économiques et sociaux. Aussi, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé lundi à la libération immédiate des personnes qui manifestaient pacifiquement en Tunisie, conditionnant un renforcement des relations avec l'UE aux droits de l'Homme. Dans le cas de l'Algérie, l'administration américaine «continue de surveiller» les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre, a indiqué le porte-parole du département d'Etat, qui a critiqué le gouvernement tunisien pour sa gestion des troubles. Les affrontements entre manifestants et forces de l'odre ont repris lundi dans le centre-ouest de la Tunisie. Trois localités, Kasserine, Thala et Regueb, étaient en proie à des violences lundi, signe de la poursuite des émeutes contre le chômage qui secouent la Tunisie depuis la mi-décembre.