La stabilité du Maroc et sa capacité à résister aux chocs lui permettent d'accélérer le rythme des réformes tout en évitant le risque d'instabilité... Les observateurs qui cherchent, tant au Royaume qu'à l'étranger, à percer le mystère du nouveau Maroc et à tenter de comprendre ses mécanismes de fonctionnement afin de pouvoir anticiper sur ses projections dans l'avenir – ce qui est l'objectif suprême de tout analyste en géopolitique - s'affrontent à une difficulté énorme. En effet, observer le Maroc, aujourd'hui, et vouloir anticiper sur ce qui arrivera demain, est une équation impossible et ce pour une simple raison : les mutations de la société sont tellement rapides, dans tous les domaines, que les paramètres changent continuellement et ne permettent pas, donc, d'établir une feuille de route figée qui puisse servir à long ou à moyen terme. Le Maroc change rapidement. Non pas parce qu'il est confronté à une absence de visibilité ou à cause d'une quelconque instabilité. Bien au contraire, c'est sa stabilité et sa grande capacité à résister aux chocs qui lui permettent aujourd'hui d'accélérer les changements sans sombrer dans l'instabilité. Entre les mutations volontairement bloquées sous l'ancien règne, les transformations qu'il fallait même provoquer il y a plusieurs années et les changements naturels, le nouveau Maroc a libéré toutes les énergies. Il est donc normal que l'on assiste à une sorte de «bousculade de mutations». Et c'est cette bousculade qui rend, parfois, la visibilité plus difficile pour les analystes comme pour les acteurs eux-mêmes. Et c'est cette bousculade aussi qui fait peur à certains observateurs. Ils craignent que la vitesse qu'ils jugent, parfois, excessive ne fasse chavirer le navire. Mais, pour mieux comprendre le nouveau Maroc, il suffit de prendre un peu de recul pour analyser ce qui s'est passé ces dix dernières années. Les premières années du XXIe siècle ont connu de grandes transformations qui, au moment de leur mise en œuvre, avaient suscité beaucoup de craintes chez les adeptes de la «temporisation systématique» des grandes décisions. Or, il suffit de regarder en arrière pour se rendre compte que bien des choses ont changé grâce à l'audace de la décision et à la réussite de l'exécution. Le dossier que présente ALM (voir pages 4 à 14) revient sur certains de ces dossiers qui ont permis au Maroc d'atteindre sa vitesse de croisière sans chavirer et de faire une entrée réussie dans le XXIe siècle.