Personne n'est dupe. Alger comptait sur un épuisement du Maroc par l'usure au Sahara. Son surarmement actuel témoigne de l'échec de cette politique. Un document circulant sur Internet, maghreb-intelligence.com, fait état d'informations en provenance d'Alger, de Paris, de Madrid et de Washington donnant comme probable une forte tentation chez des officiers algériens de la nouvelle génération qui ont grandi dans la haine du Maroc d'en découdre avec notre pays. S'estimant suffisamment armés à coup de milliards de dollars auprès de la Russie, ces officiers hésiteraient entre deux options : élever la tension avec Rabat pour en arriver au jeu de vilains ou ordonner au Polisario de rompre le cessez-le-feu, ce qui ne pourrait qu'entraîner du côté marocain une forte réaction pouvant aller jusqu'à l'exercice du droit de poursuite. On ne sait quel degré de crédibilité accorder à de telles données. Mais on ne peut oublier que depuis que le Maroc a réussi à réduire la marge de manœuvre algérienne sur le terrain diplomatique, Alger essaye par tous les moyens de créer dans la région une nouvelle situation qui anéantirait tous les efforts onusiens de ces dix dernières années qui ont permis, grâce à la réelle bonne volonté du Royaume, de donner à une solution honorable du conflit du Sahara une vraie chance de voir le jour. Ici, on ne se fait aucune illusion sur le conditionnement des troupes et des officiers algériens. Et il est facile de concevoir leur état d'esprit à l'égard du Maroc, sachant que l'hostilité à l'égard de notre pays constitue l'un des fondamentaux sur lesquels s'est construit et se construit toujours le jeune Etat algérien. Mais on ne peut laisser dire, comme l'entend le document en question, qu'une guerre qu'ils espèrent éclair [sic] serait une revanche contre la guerre des sables de 1963 imputée à tort aux Marocains. On sait comment l'Algérie indépendante a renié les accords sur les frontières contractés avec son gouvernement provisoire et nul n'ignore ce que Feu Hassan II a fait à ce niveau pour éviter tout pourrissement des relations entre nos deux pays. Même un adversaire du Maroc aussi farouche que le journaliste français Ignace Dalle reconnaît dans son livre «Les trois rois»*, via Sophie Jacquin, ancienne porte-parole de la Minurso au Sahara, que le Maroc a été berné par l'Algérie sur la question des frontières et assure, contrairement à une idée reçue, que ce sont les voisins qui ont été les agresseurs**. Pour le reste, il est de notoriété publique l'idée prussienne, admise par l'ancien président Houari Boumediene dans un entretien avec le journaliste du Monde, Paul Balta, que se fait Alger de sa position au Maghreb. Comptant sur un épuisement du Maroc par l'usure au Sahara, il espérait arriver facilement à devenir le noyau stratégique de la sous-région. Son surarmement actuel témoigne de l'échec de cette politique. Personne n'en est dupe. Ni Rabat ni les principales puissances qui gouvernent le monde. Et à ce niveau, l'histoire nous enseigne que si l'on sait comment on entre en guerre, on n'ignore quand et dans quel état on en sort. * Ed. Fayard ** Cf. également l'ouvrage de Abdellah Laâroui «Le Maroc et Hassan II»