Le porte-drapeau du football du Liberia, George Weah ne veut plus retourner à Monrovia. Il craint pour sa vie et celle des siens. La « jalousie » qu'inspire sa popularité au président Charles Taylor pourrait lui coûter très cher. «J'ai peur…J'ai des enfants qui vont grandir et aller à l'école. Je ne veux pas que quelqu'un vienne me tuer à cause de ma popularité ». C'est ainsi que George Weah a exprimé la peur que suscite la jalousie du président Charles Taylor vis-à-vis de sa popularité. « Ils pensent que j'ai l'ambition d'être président de la république. Ils ont déjà brûlé ma maison», continue l'ex-vedette du Paris Saint-Germain et du Milan AC, qui affirme que ses commerces au pays ont également été pris pour cible. « Le message que le président a donné, c'est que je suis une cible. Je ne suis pas en sécurité pour aller au Liberia. Je reste dehors », poursuit « Mister George », 35 ans, actuellement meilleur buteur du club d'Al Jazira aux Emirats Arabes Unis avec neuf buts en sept matches. Ni la sélection nationale ni son joueur emblématique n'échappent aux querelles intestines du pays, victime d'une très sévère guerre civile: ‘ je connais bien Samuel Doe (l'ex-président et rival de Charles Taylor). J'étais proche de lui, car j'étais capitaine de l'équipe. C'est normal ». «Doe était content de ma popularité. Il m'a beaucoup aidé pour monter une équipe. Mais Taylor ne veut pas accepter que je sois populaire», poursuit l'entraîneur-joueur du Liberia. «Je ne suis pas un politicien. Le football est devenu une affaire politique, et je ne veux pas être mêlé à la politique, assure-t-il, avant de concéder? je pourrais être président, car je connais beaucoup de gens dans le pays et en dehors». S'estimant bien mal payé de son dévouement à la cause de la sélection du Liberia, Weah abandonnera sa double casquette de capitaine et directeur technique après la CAN-2002 : « je démissionne en tant que joueur, car je ne peux pas voyager en raison de problèmes familiaux. Et en tant que directeur technique, je suis out ». «Tout ce que je fais, c'est pour zéro centime. On ne m'a pas payé. Je le fais avec mon cœur, parce que c'est mon pays », poursuit Weah, à l'occasion grand argentier de sa sélection : « pendant les qualifications, je voulais motiver les joueurs. Après deux victoires, j'ai donné 50.000 dollars ou 100.000 dollars. C'est pourquoi nous sommes devenus une grande équipe ». Les problèmes d'argent poursuivent jusqu'à Bamako le Liberia, qui a fait match nul (1-1) en match d'ouverture contre le Mali. Le gouvernement « n'a rien donné», déplore Weah. Menacé dans son propre pays, l'ex-ballon d'or s'est construit un refuge pour sa femme et ses trois enfants aux Etats-Unis : « j'ai déjà construit ma maison de rêve à New York. Je vais rester tranquille là-bas. Les enfants vont aller à l'école ». «Je retournerai au Liberia si le gouvernement change», conclut Weah, père de trois enfants. «Si quelque chose arrive les gens vont pleurer pendant une semaine. Après c'est fini. Mes enfants vont souffrir derrière ».