A l'heure où le changement du Premier ministre occupe les esprits, le nom de Brice Hortefeux était régulièrement cité comme possible successeur de François Fillon. En d'autres séquences, d'illustres prédécesseurs de Brice Hortefeux, notamment Charles Pasqua qui avait levé un poing vengeur en l'air et promis de «terroriser les terroristes». Un trait de caricature qui avait en son temps forcé l'ironie. Aujourd'hui, le locataire de la place Beauvau et ami intime de Nicolas Sarkozy est rentré dans la peau de celui qui a pour mission de «casser les casseurs». Une détermination et une fermeté qui inquiètent et rassurent à la fois. C'est que Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, est un personnage assez atypique. Longtemps écrasé sous le poids de sa fonction, rongé par une forme de timidité handicapante qui l'empêche d'exhiber la faconde de ses prédécesseurs, incapable de rentrer dans les habits d'un job que le président Sarkozy se vante d'avoir «tué», le voilà depuis l'été qui monopolise l'actualité et occupe le devant de la scène. Cela avait commencé par le grand tournant sécuritaire de Grenoble. Cela s'est poursuivi par le démantèlement des camps de Roms et l'expulsion de leurs squatteurs indésirables. Cela se poursuit aujourd'hui par son entrée en scène dans un processus de grèves et de contestations sociales qui menace de dégénérer et de paralyser l'économie du pays. Ces événements ont coïncidé avec l'arrivée sur le pavé de contestations sociales de jeunes lycéens et d'étudiants et leurs cortèges de scène de violences et la détermination du mouvement social de bloquer les raffineries. La posture du ministre de l'Intérieur était très attendue. Comment allait-il gérer cette brusque détérioration. La réponse ne s'est pas faite attendre. Dès que Nicolas Sarkozy a exprimé sa volonté de passer en force et de résister à la pression de la rue, Brice Hortefeux est monté d'un cran. Devant les quelques scènes de violences qui ont commencé à emmailler ces manifestations, Brice Hortefeux s'est voulu intransigeant : «La France n'appartient pas aux casseurs, aux pilleurs et aux caillaisseurs. Elle appartient aux honnêtes gens qui veulent travailler paisiblement (…) Nous ne laisserons pas les voyous impunis». Brice Hortefeux prend son inspiration de Georges Clemenceau et le cite dans le texte: «Le gouvernement a pour mission de faire que les bons citoyens soient tranquilles et que les mauvais ne le soient pas». Lorsqu'on l'interroge sur le risque d'embrasement des banlieues françaises à l'image de ce qui s'était passé en 2005, Brice Hortefeux balaie d'un revers de la main la comparaison qui n'a pas lieu d'être. Ni les lieux, ni les enjeux, ni les motivations ne sont les mêmes, se contente-t-il d'affirmer. A l'heure où le changement du Premier ministre occupe les esprits, le nom de Brice Hortefeux était régulièrement cité comme possible successeur de François Fillon. Avant d'être écarté par la plupart des commentateurs pour deux raisons principales : Son amitié et sa proximité avec Nicolas Sarkozy sont handicapantes pour lui. Sans parler qu'en cumulant les maladresses et les gaffes, il avait réussi à coaguler contre lui un large faisceau de critiques qui va de l'opposition à sa propre famille politique. Les mêmes raisons qui l'empêchent aujourd'hui de diriger Matignon militent pour qu'il reste dans le casting gouvernemental à venir. L'issue de cette crise sociale déterminera sans aucun doute s'il doit rester au poste de ministre de l'Intérieur où s'il doit être affecté à une autre responsabilité.