La première phase des négociations entre les partis de la majorité se déroule dans la douleur et la suspicion, alors que le débat de fond n'a pas encore commencé. Contrairement à ce que d'aucuns pensent, le vrai débat sur les prochaines élections n'a pas encore commencé. Certes, dernièrement, le ministère de l'Intérieur et les représentants des différents partis politiques se sont rencontrés pour discuter des modalités techniques relatives à l'application de la loi organique concernant les élections, mais cet événement reste, en dépit de son importance, secondaire par rapport aux questions de fond en instance. D'abord, il faudrait rappeler que tout ce qui a été dit jusqu'à présent sur les négociations entre les partis de la majorité ne concerne que la première phase des négociations portant sur la possibilité d'un accord de principe sur le mode de scrutin. Bien entendu, les positions de l'USFP, du Parti de l'Istiqlal, du PPS et du PSD sont claires. Mais du côté du FFD, le doute plane toujours sur le positionnement de ce dernier, car, lors de son congrès, ce parti a appelé à l'adoption d'un mode de scrutin uninominal à deux tours. Par la suite, son dirigeant T'hami El Khyari s'est dit en faveur du mode de scrutin de liste à deux tours. Or, jusqu'à cette date rien n'indique que M. Khyari allait trancher dans cette affaire ; surtout en l'absence d'une décision du Comité central du parti. Du côté du RNI, le doute plane toujours sur la position à définir vis-à-vis du mode de scrutin. Le président du parti, Ahmed Osman, semble pencher progressivement vers la position de la majorité de ses partenaires au gouvernement; mais, cela dérange plusieurs députés et risque de créer des fissures au sein de cette formation politique . Enfin, la polémique suscitée par la déclaration de Mehjoubi Aherdan au sujet du mode de scrutin a dû remettre les pendules à l'heure. Apparemment, l'émissaire de ce parti, à une réunion des représentants de la majorité parlementaire, ne devait pas partager la position des partis de la gauche « gouvernementale ». M. Aherdan était clair. Pour rendre sa décision irréversible, il a réuni le Comité central du MNP pour réitérer son appel au mode de scrutin uninominal à un seul tour. Créant ainsi, une brèche au sein de la coalition dirigeante du pays. Ceci dit, tout ce débat ne fait qu'annoncer la température des semaines qui viennent. Jusqu'à présent rien n'est encore tranché sur les modalités techniques de chaque procédure, notamment en ce qui concerne les questions de découpage (circonscriptions électorales provinciales ou régionales) et du seuil électoral. Pour les grands partis, la tendance générale est favorable au scrutin de liste provinciale, alors que pour les petites formations politiques, on privilégie l'approche nationale ou régionale, puisque c'est cette dernière qui convient au Maroc, étant donné la primauté de la «culture» régionale dans le champ politique. Plus la dimension géographique est large, plus les petits partis trouvent une place au soleil. La même approche est, donc, valable pour l'adoption du seuil électoral. Plus ce dernier est faible, plus les groupes minoritaires ont de chance d'accéder à la sphère parlementaire et vice versa. Ceci dit, dans les rangs de l'opposition le climat semble meilleur. Les trois partis du Wifak, le PND, l'UC et le MP, sont pour la liste uninominale. Le MDS et d'autres partis de la droite adoptent la même position. Le PJD, tout en s'alliant aux dirigeants de la droite, tente de se démarquer par l'appel au scrutin de liste. Une attitude qui ne se comprend qu'à la lumière de ses positions au Parlement. Parmi les voix de l'opposition.