Une bande de quatre arnaqueurs, dont le directeur d'une agence bancaire à Casablanca et un employé d'une autre agence à Agadir, ont été arrêtés par les éléments de la 1ère brigade criminelle près la police judiciaire de Casablanca-Anfa. Ils filoutaient des entreprises et des banques, empochant, au passage, plus d'un milliard de centimes. L'affaire a éclaté suite à une plainte déposée par la Société générale marocaine de banques, SGMB. Il ressort de cette plainte qu'une personne s'est présentée devant la BCM, agence Ghandi, à Casablanca, munie d'une carte d'identité nationale portant le nom de Mohamed Darbani. Celui-ci y a ouvert un compte après avoir versé une somme de 5.000 dirhams. Quelques jours plus tard, Mohamed Darbani retourne à la même agence bancaire pour y remettre des effets commerciaux concernant deux sociétés du groupe agricole Tazi, Soprofil et Rosafil, tirés de la SGMB, agence de Sidi Moumen, à Casablanca. Au terme du délai du remboursement des effets, la personne en question a empoché une somme de 2.269.400,00 de dirhams et a remis trois autres effets concernant les mêmes sociétés portant sur des sommes atteignant 1.759.000,00 dirhams. La même personne a ouvert, quelques jours plus tard, deux nouveaux comptes, aux agences BCM Médiouna et d'Oued Eddahab, situées respectivement au boulevard Mohammed VI et à Kariat Al Jemaâ, à Casablanca. A la première, il a remis des effets commerciaux portant sur des sommes de l'ordre de 2.245.000,00 de dirhams et d'autres qui portent sur 2.195.000,00 de dirhams à la seconde. Quand la BCM a envoyé les relevés bancaires à Mohamed Darbani à son adresse au Douar Lahraya, région de Khémiss Zima, à Chemaya, ce dernier n'a pas hésité à s'y rendre pour expliquer au responsable de la banque qu'il n'a jamais ouvert de compte bancaire. Le responsable lui a tendu la photocopie de sa carte d'identité nationale. Elle porte bel et bien son identité. “Mais ce n'est pas ma photo d'identité !“, s'est-il écrié. Alertés, les limiers de la première brigade criminelle près la Police judiciaire de Casablanca-Anfa se sont chargés de l'affaire. “A qui appartient cette photo ?“, lui demande le chef de la brigade. Le vrai Mohamed Darbani lui a expliqué qu'elle appartient à une personne qui vient chercher de la main-d'œuvre près du Souk, à Chemaya. Mohamed Darbani, journalier de son état, qui se rend chaque matin au souk en quête de travail, a précisé aux enquêteurs que cette personne est venue chez lui et d'autres journaliers, à bord d'une voiture et leur a proposé un travail dans les champs. Après accord, il leur a demandé de lui remettre leurs cartes d'identité nationale. Après quoi, il a remis à chacun d'eux une somme de 30 dirhams, leur demandant de prendre leur petit-déjeuner en attendant son retour. Seulement, il n'a plus donné signe de vie. Mohamed Darbani a affirmé aux enquêteurs qu'il avait déposé, une plainte auprès du procureur du Roi près le tribunal de première instance de Youssoufia, lequel l'a remise à la Gendarmerie royale. Les éléments de la brigade criminelle ont mené une surveillance aux alentours de toutes les agences bancaires de la BCM pour surprendre le faux Mohamed Darbani. Entre-temps, les deux sociétés, Soprofil et Rosafil, ont commencé à réclamer le remboursement des sommes tirées de leurs comptes à la SGMB. Et les plaintes ont commencé à pleuvoir sur le bureau des limiers de la 1ère brigade criminelle. La société Somacoba a vendu des aliments de bétail à deux personnes, répondant aux noms d'Ahmed Ouâlache et Mohamed Darbani, contre des chèques portant sur des sommes globales de 810.262 dirhams. Seulement, ces chèques tirés de la BCM et de la SGMB à Casablanca et de Wafabank à Agadir, se sont révélés être en bois. Contactées par la société, qui dispose de leurs identités, ces personnes ont répondu qu'elles n'avaient jamais ouvert de compte bancaire. Les mêmes personnes ont acheté d'autres produits et biens de chez d'autres sociétés dont Méditel et Plastfer. Les limiers qui ne disposaient que d'une photocopie de la photo d'identité du faux Mohamed Darbani, avec une fausse identité, se sont retrouvés dans une voie apparemment sans issue. Seulement, les numéros de téléphones portables vont leur ouvrir la piste. Ils ont demandé les numéros de téléphones portables qui ont été achetés au nom de Mohamed Darbani et les personnes qui l'appellent. Effectivement, ils ont reçu la réponse. Le faux Mohamed Darbani s'entretenait souvent avec Mohamed. R , Brahim.O et une troisième personne encore en fuite. Le premier âgé de 32 ans, est un employé à la SGMB, agence bancaire Kettani, à Agadir. Le deuxième est un commerçant à Inezgane, âgé de 30 ans, et le troisième est recherché pour émission de chèques sans provisions par la police d'Inezgane et de Sidi Ifni. Arrêté, Brahim. O a expliqué aux enquêteurs qu'il faisait partie d'une bande qui se procure des cartes d'identité nationale dans les souks où se trouvent les journaliers en quête de travail. Les membres de la bande disparaissent après leur avoir promis de revenir les chercher quelques minutes plus tard. Or, ils trafiquent les cartes d'identité en remplaçant les photos d'identité originales par les leurs. Ils s'adressent par la suite aux agences bancaires pour ouvrir des comptes sur la base de fausses cartes d'identité nationale. C'est à ce moment qu'intervient l'employé de la SGMB, agence Kettani, à Agadir, Mohamed R. Ce dernier choisissait les effets commerciaux des entreprises ayant des comptes bancaires dont le mouvement est très actif. Il leur remettait les photocopies des effets commerciaux en question. A ce moment, les éléments de la bande copient tous les éléments sur d'autres effets vierges qu'ils achetaient dans des bureaux de tabac et falsifiaient le tampon apposé, ainsi que les signatures avant de se rendre dans les banques où ils avaient ouvert des comptes sous de fausses identités. La police judiciaire a mis la main sur la personne qui se chargeait de la confection des effets commerciaux. Il s'agit de Nouredine, gérant d'un cybercafé, âgé de 28 ans. Brahim O. a affirmé, par ailleurs, qu'il versait des sommes allant de 2.000 à 10.000 dirhams aux directeurs des agences bancaires de la BCM, Ghandi, Oued Eddahab et Médiouna et de la BMCE, Msalla, à Casablanca. Pour l'heure, les enquêteurs n'ont arrêté qu'un seul d'entre eux, à savoir, Abdelhak B. A, qui a nié avoir été soudoyé par les arnaqueurs. En ce qui concerne les autres directeurs, ils n'ont pas encore été convoqués par les enquêteurs. Signalons que les enquêteurs ont saisi chez les arnaqueurs quatre véhicules et plusieurs documents.