Les autorités indonésiennes avaient vent de ce qui se tramait à Jakarta. La police était au courant que des actes de terreur étaient en cours d'orchestration. Ce dernier attentat risque de s'avérer fatal pour l'Indonésie, qui peine à se relever du précédent acte terroriste. L'Indonésie n'a même pas eu le temps de panser les blessures causées par l'attentat de Bali, qu'un autre acte terroriste vient secouer un pays encore sous les séquelles du premier événement. Le bilan de ce dernier acte criminel reste imprécis. La Croix-Rouge faisant état de 14 morts, avant de se rétracter et le gouvernement ne confirmant que dix décès, dont celui d'un Néerlandais, en plus de 147 blessés. Pourtant, cet attentat meurtrier pouvait bien être éludé. Croyant avoir anticipé un attentat, les autorités indonésiennes avaient saisi une quantité d'explosifs et d'armes à feu, la saisie s'est effectuée à Semarang, dans le centre de l'île de Java, à l'occasion de l'arrestation de sept membres présumés de la Jamaâ Islamiya, qui serait liée à la nébuleuse d'Al-Qaïda. La police aurait également saisi des documents désignant certaines zones stratégiques, parmi lesquelles figurerait le site du Marriott. Outre ces indices poignants, un correspondant du «Straits Times» singapourien à Djakarta avait reçu un appel téléphonique, pour le moins, explosif. En effet, Derwin Pereira avait reçu une communication provenant d'un « indicateur bien placé », lui déclarant que la Jamaâ Islamiya se préparait à frapper fort ce mois-ci en Indonésie. Aussitôt, les autorités ont renforcé leur dispositif de sécurité dans le quartier d'affaires et d'ambassades autour du Marriott. Mais en dépit de ces preuves de vigilance affichée, un véhicule truffé d'explosifs et ceinturé de bidons d'essence a réussi a percer cette enceinte gardée et à exploser, dans l'allée menant à l'hôtel, qui accueillait de nombreux étrangers. L'acte terroriste a été revendiqué dans les colonnes du même « Straits Times », par un individu se réclamant de la Jamaâ Islamiya et mettant l'État indonésien en garde contre l'exécution de ses « frères musulmans », responsables de l'attentat de Bali. Le terroriste anonyme a brandi la menace de poursuivre la campagne de terreur en Indonésie et dans la région, si jamais la peine capitale était prononcée contre ses acolytes, dans le cadre de la campagne antiterroriste de la présidente Megawati Sukarnoputri. En alerte maximale, la police affirme que l'enquête avance bon train. Le portrait-robot de l'un des deux hommes, soupçonnés d'avoir acheté le véhicule d'occasion utilisé dans l'attentat, sera ainsi publié dans les plus brefs délais. La police a également signalé que les tentatives, visant à supprimer les numéros de série sur le moteur de la camionnette, se sont avérées vaines, soulignant que les enquêteurs sont parvenus à relever les informations nécessaires. Cependant, l'attentat a visiblement été commis par des kamikazes. En témoignent des organes humains, deux mains et une tête profondément brûlée, retrouvées sur les lieux de l'explosion. Ces éléments devraient permettre le prélèvement des empreintes digitales et de faire sortir le portrait-robot de cet individu, étroitement lié à l'attentat, selon les enquêteurs. Par ailleurs, les similitudes avec les attentats de Bali renforcent les soupçons qui pèsent sur la Jamaâ Islamiya dans les événements de Jakarta, et orientent par là-même l'enquête vers cette organisation obscure. Ainsi, les composants de l'explosif utilisé dans l'attentat contre l'hôtel Marriott sont identiques à ceux utilisés en octobre dernier à Bali, confortant ainsi la thèse sur l'implication de la Jamaâ Islamiya. Parallèlement, en cours de jugement pour les attentats qui ont fait 202 morts à Bali, le cerveau présumé de ces actes s'est ouvertement félicité de l'attentat de Jakarta. « Je suis reconnaissant... je suis heureux, surtout si ceux qui l'ont commis sont des musulmans », a-t-il lancé, sans vergogne, lors du procès de l'un de ses complices.