La Fédération nationale des Syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) a rédigé récemment un plaidoyer dans lequel elle appelle à la fermeture urgente de la pharmacie de la CNOPS. Pour les pharmaciens, cette caisse n'a plus lieu d'être. «Il faut que la pratique de centralisation des médicaments menée par la CNOPS cesse. La CNOPS ne doit pas être une pharmacie centrale. Il est temps de permettre aux pharmaciens de distribuer les médicaments dans toutes les villes du Royaume», a déclaré Chakib Tazi, directeur de l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), lors d'un débat sur l'assurance-maladie pour les salariés du secteur privé organisé le mardi 8 juin par la Chambre de commerce suisse au Maroc, à Casablanca. M.Tazi a également souligné qu'il est regrettable que des patients sont obligés de se déplacer jusqu'à Rabat pour recevoir les médicaments. «Il faut que la totalité des médicaments soit disponible dans toutes les officines». Le bras de fer entre les pharmaciens et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) continue. Pour les pharmaciens, la CNOPS n'a plus lieu d'être. La Fédération nationale des Syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM) a rédigé récemment un plaidoyer dans lequel elle appelle à la fermeture urgente de la pharmacie de la CNOPS. Selon les pharmaciens, il est temps de mettre fin à la politique de centralisation des médicaments pratiqués par la Caisse. Une pratique qui, selon la Fédération, prive 10.000 pharmaciens de la possibilité de distribuer des médicaments dans toutes les villes et villages du Royaume. La FNSPM suggère que le tiers payant devrait fonctionner avec toutes les pharmacies du Royaume grâce à une convention signée entre la CNOPS et les pharmaciens afin de pouvoir fournir aux patients leurs traitements de la même manière quel que soit leur lieu de résidence. Cette situation a des répercussions économiques sociales pour les pharmaciens, les médecins et les patients. «En pratiquant délibérément cette politique, elle favorise les médecins et les cliniques de la capitale privant ainsi leurs confrères des autres régions d'une manne économique qui leur permet de sortir de la crise. Certains médecins quittent d'ailleurs le Royaume pour aller travailler à l'étranger à cause de ce genre de pratiques au détriment du corps médical national», peut-on lire dans le plaidoyer de la Fédération des syndicats des pharmaciens. Pour les patients, se déplacer jusqu'à Rabat pour recevoir les médicaments est un véritable calvaire sachant que bon nombre d'entre eux sont gravement malades. «En pratiquant cette politique d'achat centralisé qui a priori présente des avantages économiques discutables tenant compte des frais de déplacement des patients vers Rabat, la CNOPS fait preuve d'une défaillance en matière d'économie de la santé», indique le document. Pour sortir de cette situation qui serait due à une mauvaise gestion de pharmacie de la CNOPS, les pharmaciens présentent plusieurs propositions. Outre la fermeture immédiate de la pharmacie de la CNOPS pour que cette Caisse puisse jouer son rôle légal d'assureur santé, les pharmaciens recommandent l'harmonisation du remboursements maladie chez les deux caisses et l'étude d'une fusion entre la CNSS et la CNOPS pour éviter le dédoublement des frais de cotisations des salariés et de l'employeur. «Il est important de souligner que 50% des cotisations sont destinées aux dépenses de fonctionnement. Ce qui est colossal. Cette fusion permettrait des économies importantes d'argent», affirme à ALM, Kamal Belhaj Soulami, président de la FNSPM avant d'ajouter que «L'ANAM devrait jouer pleinement ses prérogatives, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui car elle a hérité d'une situation de patchwork englobant une mosaïque de petits systèmes, CNOPS, CNSS, CMIM, Assurances privées et régimes internes aux grandes entreprises et banques. Dans un contexte global de crise économique, la fusion de ces régimes en une seule caisse maladie, à l'image de pays plus avancés tels que la France et le Canada devient une nécessité». L'autre proposition suggérée par la FNSPM est d'établir une étude d'impact budgétaire des différentes catégories de maladies et des différentes solutions thérapeutiques. L'objectif étant d'avoir une vision des prévisions prospectives par pathologies et cela ne peut se faire qu'en réalisant des études qui sont prioritaires pour la santé publique telle que définie par l'Organisation mondial de la santé. Malgré les avantages que représente la CNOPS notamment la prise en charge totale des affections de longue durée et le tiers payant qui n'est appliqué qu'en oncologie et au niveau de certaines cliniques, la FNSPM note que de nombreuses défaillances persistent. A commencer par la rupture de stock qui peut conduire à de graves séquelles, des handicaps ou des décès. D'où la nécessité de la disponibilité du médicament partout et pour tous. La CNOPS en bref La CNOPS, Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale, est une union de huit mutuelles. Elle regroupe la mutuelle de la police, la mutuelle générale des postes et télécommunications, les œuvres de la mutualité pour les fonctionnaires des administrations marocaines, la mutuelle générale du personnel des administrations publiques, la mutuelle des douanes et des impôts indirects, la mutuelle des forces auxiliaires et la mutuelle générale de l'éducation nationale. Elle est placée sous la tutelle du ministère de l'Emploi et du ministère des Finances. La CNOPS s'est vue confier la gestion, depuis, le 18 août 2005, de l'assurance maladie obligatoire pour les fonctionnaires et agents de l'Etat, des collectivités locales, des établissements publics et des personnes morales de droit public et les ayants droit ainsi que pour les titulaires de pension du secteur public.La population totale couverte est de 3 millions de personnes (assurés et leurs ayants droit). Les relations de la CNOPS avec les mutuelles qui la composent sont régies par deux textes : le dahir de la mutualité de 1963 qui autorise les mutuelles à gérer une couverture complémentaire au régime de base relevant de la CNOPS et l'article 83 de la loi 65-00 réglementant l'AMO qui confère aux mutuelles le droit de gérer les soins ambulatoires au titre de l'AMO pour les assurés de la CNOPS.