Reprochant à son père d'avoir cédé une demeure à sa grand-mère, il a fini par le maltraiter durant plus de deux heures avant de l'égorger. Nous sommes à Tnine Chtouka, à dix-sept kilomètres de la ville d'Azemmour, province d'El Jadida. Dans cette région côtière et agricole, Mohamed est né un jour de 1989. Étant l'aîné, ses parents rêvaient qu'il soit leur unique espoir surtout lorsqu'ils seront vieux. Ne disposant pas de terrains agricoles, le père de Mohamed qui gagnait péniblement sa vie, craignait les aléas de la vie. Il déployait tous ses efforts pour arriver à avoir de quoi les affronter au fil du temps. En fait, il travaillait chez les tiers, dans l'agriculture et n'hésitait pas à besogner dans d'autres emplois quand les propriétaires des champs agricoles n'avaient plus besoin de main-d'œuvre. D'abord, avant son mariage, il était l'enfant qui se chargeait de ses parents. Et lorsque son père a rendu l'âme, il a pris en charge sa mère qu'il aime follement. C'est cet amour qui a commencé à ronger le cœur de Mohamed. Il sentait comme s'il était jaloux de sa grand-mère qui semble être la maîtresse de toute la famille. Son fils, le père de Mohamed, ne pouvait jamais s'abstenir à répondre à ses demandes, même celles qui sont jugées imaginaires par Mohamed et sa mère. Mohamed qui a échoué dès ses premières années à l'école n'est pas resté les bras croisés. Il a cherché partout du travail. Il a fini par être recruté comme serveur dans un café de la région. En fait, il gagnait sa vie dignement. Son seul vice était l'alcool. Il se soûlait de manière abusive, sans se contrôler. Chaque soir, quand il terminait sa tâche au café, il se rendait chez le «guerrab» qui vendait les boissons alcoolisées sans autorisation, achetait sa dose de vin rouge ou de l' eau-de-vie et rejoignait ses amis qui profitaient de sa générosité. Ni les reproches de ses parents, ni ceux de sa grand-mère, ne l'ont encouragé à cesser de picoler excessivement. Au contraire, il devenait, au fil des jours, esclave de l'alcool au point qu'il ne pouvait plus retourner chez lui sans être ivre-mort. Par quel traitement pouvait-il tourner le dos à ce vice qui lui vidait les poches et lui détériorait la santé? Le mariage ? C'est ce que ses parents et sa grand-mère ont cru. Et ils sont passé à l'acte. Ils lui ont choisi la fille qui partagera avec lui le même toit. Ils ont vite célébré la nuit de noces. Malheureusement, le mariage n'a rien changé. Mohamed est resté la même personne qui s'attache à l'alcool comme l'enfant qui s'attache au sein de sa mère. Après le père, la mère et la grand-mère qui souffraient des comportements agressifs de Mohamed, voilà l'épouse qui est venue s'ajouter à la liste .Au fil des jours, la santé du père a commencé à se détériorer bien qu'il ne soit pas encore arrivé à ses soixante ans. Il ne pouvait plus travailler. Ses voisins généreux l'aidaient sans que son propre fils ne fournisse le moindre effort. Celui-ci était absorbé par le monde de l'alcool jusqu'au bout. Il ne se souciait pas de l'état de santé de son père, ni de l'état matériel de sa famille. Sa devise était «après l'alcool, le déluge». C'est pourquoi son père avait peur que Mohamed perde sa maison, qu'il avait achetée après tant d'années de travail, en la vendant et gaspillant son argent dans l'alcool. La solution ? Le père a cédé la demeure à sa mère. Et cette dernière a changé ses comportements une fois les documents entre ses mains. Elle a commencé à les menacer d'évacuer les lieux. Et le fils, Mohamed, a commencé à reprocher à son père d'avoir cédé la demeure à sa grand-mère. Des reproches qui ont atteint leur apogée, ce 12 mai. Dans un état d'ébriété avancé, Mohamed est rentré chez son père et a commencé à le violenter jusqu'à un moment où il a saisi un couteau et l'a égorgé. Le père a rendu l'âme quinze jours plus tard.