Selon docteur Soumaya Berrada, le syndrome d'excitation génitale persistant est une addiction comportementale qui conduit à des conséquences néfastes. ALM : Comment peut-on définir le syndrome d'excitation génitale persistant ? Soumaya Berrada : Il s'agit d'une dépendance sexuelle. C'est une addiction comportementale. La femme manifeste un besoin impérieux d'avoir un rapport sexuel, tout en étant consciente de l'anormalité et l'inadaptation de la chose avec son fonctionnement au quotidien. Le rapport ne satisfait plus son appétit sexuel. Du coup, elle peut passer une bonne durée de la journée à tout faire pour répéter ce comportement. On peut aisément comprendre que cela peut avoir des conséquences néfastes sur sa vie au quotidien. Peut-on considérer, dans ce sens, cette pathologie comme psychique ou physique ? Les addictions sexuelles sont qualifiées en tant que pathologies psychiques. Plusieurs études ont démontré que nous disposons d'un centre au niveau du cerveau qui est soumis dans ce genre de cas à quelques disfonctionnements. Ce qui explique la présence de certaines perturbations au niveau de la neuroplégie. Ainsi, on diagnostique un problème de régulation du fait que certaines personnes deviennent «addicts». Comment se développe cette addiction sexuelle chez la femme et à partir de quel âge se déclare-t-elle ? Généralement, l'addiction sexuelle se déclenche au moment où la personne découvre qu'elle a une libido plus importante que les autres. Quant à la causalité de cette addiction, elle repose sur trois piliers à savoir les facteurs liés à l'individu, à l'environnement où il évolue et au comportement auquel il dépend. Ainsi, le premier élément est un facteur de vulnérabilité personnelle. À titre d'exemple, une femme anxieuse ayant des pathologies psychiatriques peut facilement dévier vers une addiction sexuelle ou autres. Quant au facteur environnemental, il est lié essentiellement à la vulnérabilité génétique au moment où le facteur comportemental est tributaire de certains métiers qui favorisent la dépendance sexuelle. Il faut dire qu'il n y a pas un lien de causalité direct. De même, le rapport sexuel n'est plus source de plaisir. Il devient une nécessité permanente conduisant l'individu à toutes sortes d'aventures pour assouvir ce manque. Quels sont les symptômes de cette dépendance ? Comme tous les addicts, la personne dépendante sexuellement fait apparaître une certaine frustration, voire une agressivité. Elle est tout le temps angoissée, avec une humeur changeante. De plus, elle manifeste régulièrement une déconcentration ce qui la rend incapable d'exercer une activité professionnelle. Ces symptômes ont un retentissement direct sur sa personnalité et son environnement. Quelles sont les conséquences de l'addiction sexuelle ? Le risque est grand. Il est majoritairement lié à la santé de la personne concernée. Une femme ayant une dépendance sexuelle peut recourir à tous les moyens possibles pour satisfaire son besoin. Il y a une prise de risque très importante pour trouver des partenaires. De ce fait, le risque de contamination par des maladies sexuellement transmissibles reste très probable. Quel genre de traitement prescririez-vous aux patientes qui souffrent de cette pathologie ? Nous avons deux genres de cure. Le traitement médicamenteux est prescrit si cette addiction est associée à une pathologie psychique. Dans l'ensemble des cas, nous recourons aux psychothérapies. Cette modalité nous permet d'explorer et de repérer les causes qui ont déclenché cette addiction. De cette manière, on accompagne correctement les patientes afin de dépasser cette phase sans les faire sombrer dans la culpabilité.