Pour l'élite des Marocains résidants à l'étranger (MRE), la rançon de la réussite est plus lourde. En pays d'accueil comme en pays d'origine, l'incompréhension dégénère souvent en critique, voire en invective gratuite et inutile. Entre le marteau et l'enclume. Voila qui résume la pénible situation de l'élite des Marocains résidants à l'étranger (MRE). Les démêlés avec la presse et parfois l'opinion publique de figures connues, comme Jamal Debbouze, Les frères Mustapha et Youssef Hadji, Ahmed Ghayet ou encore récemment Samira Sitail, posent avec acuité un « problème » d'incompréhension, qui dégénère souvent en critiques acerbes, voire en invective aussi gratuite qu'inutile. La rançon de la réussite semble, paradoxalement, être plus lourde pour cette catégorie. De part et d'autre de la Méditerranée. Quand à force de persévérance et aussi de talent, ils parviennent à percer dans leurs pays d'accueil, c'est souvent, trop souvent, la porte ouverte aux critiques autour de l'oubli des racines, du divorce avec le pays d'origine. D'ingratitude. Quand bien même cela serait, quel mal y aurait-il pour un MRE de réussir dans son pays d'accueil et de vivre légitimement cette réussite. Abdellatif Bennazi, capitaine de l'équipe de France de rugby aurait-il eu le même retentissement s'il avait été capitaine du 15 du Maroc. Aurait-il pu à ce titre donner la même image que celle qu'il donne actuellement de son pays ? Jamal Debbouze, désormais l'une des stars les mieux payées en France, renie-t-il pour autant sa marocanité ? Même les MRE qui choisissent de revenir au pays, ne sont pas pour autant à l'abri des attaques. Ils sont automatiquement, inconsciemment classés dans la catégorie de «Marocain de seconde zone», ne parlant qu'imparfaitement l'arabe, ignorant de tout ce qui se passe au pays , arborant un look extravagant et se permettant par dessus le marché de donner des leçons de civisme, de savoir-vivre, de démocratie ... Jamal Debbouze a été précédé au Maroc par le flux de ses démêlés avec la police française. Les frères Hadji ont eu à se défendre dans la presse de très graves accusations de «manque de patriotisme» et de comportements privilégiant leur pays d'accueil, en l'occurrence la France, Ahmed Ghayet a été affublé du qualificatif de «Lucky Luke» de l'immigration, pour sa propension à la dégaine à chaque fois qu'il s'agit de MRE, ce qu'il revendique «avec fierté», Samira Sitail doit s'accommoder avec un «traitement de faveur» dans son bras de fer, somme toute, banalement professionnel. Déficit de communication ? A coup sûr. Mais hélas, non exempt de relents d'envie, de jalousie et même de résidus de réflexes à la peau dure voulant que la réussite ne puisse être pleinement «acceptée» sans une certaine «justification généalogique». En attendant, la fracture est là. Bien réelle, entre Marocains du Maroc et Marocains de l'immigration. Elle prend appui sur les quelques différences qui en arrivent à occulter les multiples ressemblances. L'on ne retient du Beur de retour au pays que la décapotable voyante, brûlant allègrement les feux rouges, sono à plein volume. La porte ouverte à tous les ostracismes. Mais aussi un énorme appel d'air aux initiatives de la société civile.