Quand il remarquait une jeune fille toute seule, il s'arrêtait et lui demandait de lui indiquer une adresse quelconque. La jeune fille ne serait que l'une de ses victimes qui se comptent en une dizaine. Nous sommes à Hay Mohammadi, à Casablanca. Latifa, jeune fille âgée de vingt-six ans, venait, ce jour du mois courant, de sortir de chez elle. Elle avait l'intention de rendre visite à l'une de ses amies qui demeure un peu loin de chez elle. C'est à pied qu'elle s'est rendue chez elle. Vers 17h, Latifa a décidé de partir. Elle avait assez de temps pour arriver tôt chez elle. Elle longeait les boulevards et les rues de Hay Mohammadi quand elle a entendu le son du klaxon d'une voiture qui venait de s'arrêter près de ses pieds. Elle s'est arrêtée et a dévisagé l'automobiliste. Celui-ci lui a demandé de s'approcher. Latifa a repris son chemin. Mais, il a démarré et l'a suivie tout doucement. «Je veux juste te demander de m'indiquer où se trouve une rue que je cherche depuis une heure», lui a-t-il expliqué tout en restant à bord de sa voiture, une R21 de couleur noire. Latifa, qui croyait qu'il s'agissait de l'un de ces automobilistes qui harcèlent sans vergogne les jeunes filles, s'est arrêtée. L'automobiliste lui a demandé de lui indiquer une rue qui se situe près d'une mosquée. «Peux-tu m'accompagner jusqu'à la rue et en même temps je t'accompagne chez toi ?», lui a-t-il demandé. Latifa s'est abstenue sous prétexte qu'elle n'habite pas loin et qu'elle préfère reprendre son chemin à pied. À ce moment, l'automobiliste a ouvert la portière de sa voiture et en est descendu. Latifa a commencé à lui indiquer comment arriver à la rue en question. Tout d'un coup, elle s'est tue tout en restant bouche bée. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Le jeune automobiliste a fait sortir un petit couteau de sa poche. Il lui demandé calmement de lui remettre sa chaînette en or, son téléphone portable et son sac à main. En gardant le silence, mais avec les larmes aux yeux, elle lui a remis tout ce qu'elle portait sur elle. «Tu pars calmement comme si rien ne s'était passé. Garde ta bouche fermée, sinon je te balafre le visage», l'a-t-il menacée avant de monter dans sa voiture et démarrer. Aussitôt, Latifa a rejoint le publiphone le plus proche. Son gérant lui a remis deux dirhams qu'elle lui avait demandés. Elle a appelé son cousin. À bord de sa voiture, celui-ci l'a rejointe. Il a remis les deux dirhams au gérant avant d'apprendre ce qui est arrivé à sa cousine. Il est monté dans sa voiture. À côté de lui s'est tenue Latifa. Et il s'est lancé à la recherche de la R21 noire à travers les boulevards et les rues de Hay Mohammadi. Non loin de la résidence Les Almohades, Latifa a remarqué son agresseur qui conversait avec une autre victime. Son cousin a arrêté sa voiture, l'a garée dans un coin avant de descendre tous les deux. Ils ont attrapé le jeune automobiliste. Il a donné un coup de téléphone pour alerter la police. Les éléments de la police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ se sont dépêchés sur les lieux. A bord de la R21, ils ont saisi quelques sacs à main, des téléphones portables, des bijoux en or et une somme d'argent de sept mille dirhams. Ils ont conduit le jeune homme au commissariat de police pour le soumettre aux interrogatoires. Il s'agit de Hamid, âgé de trente-trois ans, célibataire qui a commis plus d'une dizaine d'agressions contre les jeunes filles. Le mode opératoire était toujours le même: il louait une voiture et cherchait une victime pour lui demander de lui indiquer une adresse. Soit qu'il l'invitait à l'accompagner à bord de sa voiture, soit qu'il faisait semblant qu'il écoutait ses explications sur place. Dans les deux cas, il finissait par la délester de tout ce qu'elle portait sur elle sous la menace d'un couteau.