L'affaire du Marocain Abdelghani Mzoudi, poursuivi en Allemagne dans le cadre du procès des attentats du 11 septembre 2001, est en train de prendre une nouvelle tournure. Le témoignage d'un prétendu transfuge des services secrets dont l'identité n'a pas été révélée impliquerait l'Iran dans l'organisation de ces attentats. Alors que tout semblait indiquer que le Marocain Abdelghani Mzoudi allait être acquitté par le tribunal allemand où il est jugé pour complicité dans les attentats du 11 septembre 2001, le témoignage d'un prétendu ex-agent secret iranien change entièrement le cours du procès. Le témoin à charge, présenté par le parquet allemand comme un transfuge des services secrets iraniens, a donné une nouvelle dimension à cette affaire en impliquant les autorités iraniennes dans l'organisation des attentats perpétrés à New York et Washington. Selon ce témoignage, le Marocain Mzoudi a été "actif dans la logistique de l'opération du 11 septembre 2001" et sa responsabilité était "la conception et l'envoi d'informations à destination d'intermédiaires". Le témoignage du soi-disant agent secret iranien a été présenté à la Cour par les services de sécurité allemands (BKA). À en croire le témoin secret, Abdelghani Mzoudi se serait rendu en Iran qui, selon lui, serait impliqué dans la préparation des attentats qui ont fait plus de 3.000 morts. Le témoin affirme ainsi que le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani et d'autres hauts officiels iraniens auraient rencontré le fils aîné d'Oussama Ben Laden le 4 mai 2001 et que c'est durant cette rencontre que les attentats dirigés par l'organisation Al Qaïda d'Oussama Ben Laden auraient été planifiés et finalisés. La rencontre, affirme-t-il, aurait eu lieu sur une base aérienne près de Téhéran. Le témoignage de ce témoin à charge a été transmis à la Cour via Internet et par téléphone afin de préserver l'identité de l'agent iranien. De son côté, la défense de Mzoudi a mis en doute la crédibilité de ce témoignage qu'elle a qualifié de douteux. L'avocat de la défense, Michael Rosenthal, a jugé les déclarations du mystérieux témoin iranien de "complètement bizarres". Ainsi, le verdict qui devait tomber jeudi a été reporté sine die. Le parquet fédéral allemand a demandé cet ajournement afin de pouvoir étudier le témoignage de l'Iranien. Il est à signaler que ce témoignage permettrait à l'accusation de renforcer sa thèse sur l'implication de Mzoudi dans les attentats du 11 septembre alors qu'aucune autre preuve concrète n'avait été fournie par le parquet. D'ailleurs, le tribunal avait décidé de remettre l'accusé en liberté surveillée jusqu'à la fin de son procès, une décision qui laissait augurer d'un probable acquittement pour le verdict. Rappelons que Mzoudi est le deuxième accusé à être jugé dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Âgé de 31 ans, ce Marocain risque jusqu'à 15 ans de prison s'il est reconnu coupable. Il est jugé depuis août 2003 par la Cour d'appel de Hambourg, qui juge en première instance dans les affaires de terrorisme. Il comparaît pour "complicité de meurtre dans plus de 3.000 cas" et pour "appartenance à une organisation terroriste" et encourt 15 ans de réclusion criminelle. Selon l'accusation, il aurait aidé la cellule de Hambourg dans des transactions financières et fourni des solutions d'hébergement pour certains membres afin qu'ils échappent à la surveillance des autorités. Les mêmes chefs d'accusations avaient été retenus, en février 2003, par le tribunal de Hambourg contre un autre marocain, Mounir El Motassadeq. Ce dernier avait été condamné à 15 ans de prison ferme.