Un collectif d'associations et d'artistes marocains a organisé dimanche une grande manifestation de solidarité avec la Palestine. Une sonnette d'alarme contre l'oubli et l'indifférence. La Salle du Complexe Culturel du Maârif était archi-comble. Beaucoup de monde venu d'un peu partout, à l'appel du Collectif Palestine, auteur de l'appel pour le retrait immédiat des troupes israéliennes des territoires palestiniens et l'envoi de toute urgence d'une force internationale d'interposition sous l'égide de l'ONU. Deux membres du gouvernement –Ismaïl Alaoui et Omar El Fassi, tous deux du PPS- en tenue décontractée, des artistes, des journalistes et des membres de la société civile. Mais aussi et surtout de simples citoyens venus apporter, par leur présence, une contribution - même symbolique - à la lutte du peuple palestinien. Une lutte qui est celle du peuple marocain, comme le soulignera Abou Marwane, l'ambassadeur de Palestine à Rabat. Wassif Mansour, le ministre plénipotentiaire à l'ambassade de Palestine à Rabat, était heureux comme un gosse. Mais aussi ému aux larmes. Enfin, nous a-t-il confié, on comprend la gravité et l'urgence de réagir à l'arrogance israélienne. Il faut faire du lobbying et pousser, pousser jusqu'à faire entendre nos voix à l'échelle planétaire pour dénoncer et faire cesser le crime dont est victime le peuple palestinien. Et de rappeler que les «Quatre heures pour la Palestine» ne sont que le prolongement et la continuité de l'action des Marocains en faveur de leurs frères palestiniens. Car, ajoutera-t-il, la première collecte du Maroc en faveur de la Palestine s'est effectuée dès 1929, alors que le Royaume vivait sous le Protectorat français. Bouchta Jamaï avait alors été arrêté. Présence également remarquée, celle de Nawaf Atamna, arabe israélien, membre du parti du député Azmi Bishara… Beaucoup de moments forts et d'émotion, comme les retrouvailles entre l'écrivain Edmond Amrane El Maleh et Leila Chahid, l'ambassadrice palestinienne à Paris –très entourée - ou encore entre Abraham Serfaty et ses anciens co-détenus. Tout ce beau monde, revêtu du keffieh palestinien traditionnel, s'était retrouvé dans une ambiance de fête. Une fête qui n'occultait pourtant pas les souffrances du peuple palestinien, l'objet même de cette manifestation. Beaucoup d'étrangers, dont des députés européens et des membres de la société civile, étaient là pour apporter leurs témoignages sur le vécu des Palestiniens des territoires occupés. Des conditions déplorables à tout points de vue. Aucune liberté, ni politique, ni individuelle, ni de mouvement. L'enfer et l'humiliation au jour le jour, sous l'œil triomphateur et méprisant des soldats de Tsahal. Les artistes marocains ont tenu à s'associer à cette manifestation et c'est ainsi que l'on a pu voir Salah El Ouadie réciter des poésies, accompagné au luth par Haj Younès, ainsi que de jeunes chanteuses interpréter des chansons à la gloire du peuple palestinien, pendant que l'artiste peintre Abderrahim Yamou réalisait une toile consacrée à l'événement. Touria Jabrane n'a pas voulu être en reste et a présenté en avant-première un extrait de sa dernière pièce «Sabra et Chatila». De la convivialité, mais aussi toute la gravité qu'exigent les circonstances gravissimes vécues le peuple palestinien.