Dimanche, l'Inde s'est déclaré satisfait par le discours du président Musharraf à la nation pakistanaise. New Delhi attend toutefois des « actions concrètes ». Si la communauté internationale a observé avec attention - et accueilli favorablement - le discours du dirigeant pakistanais retransmis samedi sur les chaînes nationales, elle attendait aussi avec impatience la réaction de l'Inde. Celle-ci a d'ailleurs été assez positive. « Nous accueillons avec satisfaction l'engagement déclaré (du Pakistan) de ne plus soutenir ou permettre l'utilisation de son territoire pour le terrorisme n'importe où dans le monde, y compris dans l'Etat indien de Jammu-et-Cachemire », a alors affirmé dimanche le ministre indien des Affaires étrangères, Jaswant Singh. Le diplomate a cependant ajouté que son pays jugera sur des « actions concrètes », tout en excluant l'implication d'une troisième partie dans la résolution du conflit entre les deux puissances nucléaires. Un point suggéré par le président Musharraf dans son discours à la nation, et souhaité par Washington dont le secrétaire d'Etat Colin Powell est attendu dans la région. Samedi, le président pakistanais a donc exhorté ses compatriotes à ne pas s'infiltrer dans des pays tiers, affirmant qu'aucune institution n'était autorisée à prétexter du Cachemire pour commettre des actes de terrorisme. Dans son allocution, le général Musharraf a aussi déclaré que l'Inde devait résoudre son différend sur le Cachemire de manière pacifique en sommant New Delhi, qui a massé ses troupes à la frontière, de ne pas franchir la ligne de contrôle. Les forces d'Islamabad, elles aussi déployées dans la zone, sont, selon le chef d'Etat, « prêtes à de battre jusqu'à la dernière goutte de sang ». Fermes, les propos de Pervez Musharraf se sont aussitôt traduits par des actions concrètes avec l'interdiction de deux groupes extrémistes cachemiris basés au Pakistan, le Lashkar-e-Taib et le Jaish-e-Mohammad (accusés par l'Inde d'avoir perpétré l'attentat du 13 décembre contre son Parlement), celle des deux partis pakistanais, le Sipah-i-Sahaba Pakistan (SSP) et le Tehreek-i-Jafria Pakistan (TJP), ainsi que d'une organisation pro-Taliban, le Tehreek-i-Nifaz-e-Shariat Mohammedi (TNSM). Si le Pakistan a décidé de collaborer dans la lutte contre le terrorisme, il n'est cependant pas prêt à livrer ses citoyens inscrits sur la liste de vingt terroristes présumés réclamés par l'Inde. « La question de la remise de tout Pakistanais ne se pose pas. Nous ne le ferons jamais », a ainsi déclaré le dirigeant pakistanais, qui a aussi été clair sur un autre point : « le Cachemire coule dans nos veines. Nous ne bougerons jamais d'un centimètre par rapport à notre position de principe sur le Cachemire ». Après l'arrestation par la police pakistanaise, samedi, de quelque 300 militants extrémistes, dans la région centrale du Pendjab, la tension restait quant à elle toujours vive sur le terrain. Dimanche, les forces indiennes ont ainsi indiqué avoir tué deux séparatistes dans la région de Srinagar (Cachemire), dont un ressortissant néerlandais, qui tentaient d'attaquer une patrouille…