Un peu moins d'un an après le débrayage observé fin août-début septembre 2002, les chevillards remettent cela en cause. En grève depuis le 29 juin, ils resteront au point-mort jusqu'à ce jeudi. Un durcissement syndical qui étonne, d'autant plus qu'ils menacent de reconduire leur mouvement si rien n'est entrepris entre-temps pour satisfaire leurs doléances. Parmi leurs principaux griefs, la taxe d'abattage qu'ils jugent trop élevée ainsi que la question de l'hygiène... Un peu moins d'un an après le débrayage observé fin août-début septembre 2002, les chevillards remettent cela en cause. En grève depuis le 29 juin, ils resteront au point-mort jusqu'à ce jeudi. Un durcissement syndical qui étonne, d'autant plus qu'ils menacent de reconduire leur mouvement si rien n'est entrepris entre-temps pour satisfaire leurs doléances. Parmi leurs principaux griefs, la taxe d'abattage qu'ils jugent trop élevée ainsi que la question de l'hygiène. Les mêmes griefs que l'année dernière. Pour mémoire, rappelons que la taxe sert au financement des nouveaux locaux qui ont coûté la bagatelle de 700 millions de dirhams, alors que pour ce qui concerne l'hygiène, on a longtemps entendu dire que les nouveaux abattoirs ont été construits aux normes internationales. Il y a, en effet, de quoi être surpris… Du côté de la Communauté Urbaine de Casablanca, on estime que cette délocalisation a permis de meilleures qualités de travail, ainsi qu'une plus grande transparence. Et que les grévistes, qui sont une minorité, empêchent les deux-tiers des chevillards patentés d'exercer leur métier, bloquant par là-même l'approvisionnement de Casablanca en viande. Un nouveau bras de fer qui laisse craindre une pénurie, alors qu'a été enregistrée une légère augmentation des prix de cette denrée si chère - dans tous les sens du terme - aux Marocains amateurs de tagines. Pour leur part, les bouchers commencent à être inquiets car leurs étals ne sont pas aussi bien garnis qu'auparavant. C'est le consommateur, pris en otage, qui fait les frais de cette guéguerre où chacun semble vouloir camper sur ses positions. Voilà pour ce qui concerne les parties prenantes. Il faut rappeler que ce malaise dure depuis le transfert des abattoirs dans les nouveaux locaux de Sidi Othmane, il y a un peu plus d'un an. Un transfert qui s'était déroulé sur fond de guerre. En fait, cette délocalisation des abattoirs avait dérangé de gros intérêts liés à l'abattage clandestin, aux situations monopolistiques, ainsi qu'à des pratiques d'«arrosage» qui faisaient fermer bien des yeux… Il faut ajouter à cela, tous les petits commerces liés à la consommation de la viande. Chacun se souvient en effet des fameuses brochettes et têtes d'ovins dégustées jusqu'à des heures parfois indues dans les petits bouis-bouis implantés près des abattoirs du quartier La Villette. Mine de rien ces activités rapportaient gros. Et ce n'est rien comparé aux gains générés par l'abattage clandestin. Aujourd'hui, encore, on s'affronte à fleurets mouchetés. Mais si la situation venait à perdurer, elle déboucherait sur une crise où c'est le consommateur qui risquerait de payer les pots cassés. Un consommateur qui a pourtant son mot à dire. En devenant végétarien. Ou tout le moins en se reportant sur le poisson et la volaille. Les nostalgiques du gain facile en seraient pour leurs frais. Si la grève est un droit constitutionnel, le lobbying à des fins strictement mercantiles est condamnable à tous égards.