La bibliothèque orientale vient de s'enrichir par un nouveau livre qui retrace l'histoire de la région du 11ème au 20ème siècle. Une nouvelle approche pour saisir les opportunités d'une région sujette à plusieurs convoitises. Le chercheur Badr Almaqri vient d'éditer un nouveau livre sur la ville d'Oujda aux éditions du ministère des Habous et des Affaires islamiques. Il s'agit d'une nouvelle approche historiographique d'Oujda et de l'Oriental entre le 11ème et le 20ème siècle. Huit siècles étudiés et passés au peigne fin pour comprendre le rôle qu'a assumé la région à travers ces siècles. Une étude en 496 pages et qui est le fruit de dix sept ans de recherche dans quelques bas fonds d'archives nationales et documents inédits cachés jalousement par certaines familles locales. Dans la présentation du livre qu'il a faite à ALM, Badr Almaqri précise que cette nouvelle approche historique se donne comme objectif, à travers une diversité de thématiques, d'appréhender l'histoire de l'Oriental en général et celui d'Oujda en particulier du onzième au vingtième siècles afin de contourner certains aspects non élucidés ou mal traités. Neuf siècles de l'histoire du Rif-oriental, Béni-Snassen, Angad, Lemhaya, Zkara, Béni-Guil, Béni-Khaled et Figuig, avec leurs diversités culturelles, frictions sociales, soulèvements patriotiques et contribution à l'émergence de certaines puissances nationales et régionales. C'est une approche qui se veut réflexive sur les formes de production et les usages de savoir dans ses processus de transformation à travers deux grandes sources d'archives : les archives publiques manuscrites en général (683 documents manuscrits rien que pour les archives de la direction des Archives royales), ainsi que la narration orale. C'est ce qui explique d'ailleurs la primordialité du rôle de son entourage familial (Almaqri-Kadiri-Berrabeh-Benmira-Ouadfel-Merzouki-Belaouchi-Benzekri..). La finalité d'un tel travail, selon Almaqri, est de déconstruire l'approche coloniale de l'histoire d'Oujda et de l'Oriental pour comprendre l'importance qu'accordaient les différentes puissances coloniales à la région. Ceci dit précise l'auteur du livre «Nul ne pourra nier l'intérêt des œuvres de Voinot, Canal, Roussillon, Mougin et autres, mais en prenant en considération le fait que leurs écritures visaient en premier lieu une histoire annexe de l'égocentrisme du monde libre»... une histoire de la population indigène créée par les nouveaux libérateurs blancs. Cela nécessita un grand travail à la fois sur les formes géoculturelles symboliques (exemple des relations de voyage entre Oujda et l'Andalousie aux 11 ème et 12ème siècles, entre Oujda et Smara au début du 20ème, d'Oujda au Caire au 15ème siècle ainsi que d'Oujda vers le Yémen au 17ème siècle. Almaqri nous explique aussi qu'en puisant dans d'autres sources que coloniales il a essayé de comprendre comment la production intellectuelle (culture-administration-zaouiya-patrimoine musical-action sociale-formes économiques...) contribuait, elle aussi aux enjeux du pouvoir. Au niveau des parties qui constituent la teneur du livre, elles sont de l'ordre de six. Elles se rapportent à la vie intellectuelle, aux femmes juristes, à la communication du savoir, aux poètes du Zajal andalous ainsi qu'aux aspects administratifs et économiques.