La jeune fille qui a enduré le calvaire par ses employeurs est apparue tendue et anxieuse lors de la 4ème audition avant de fondre en larmes lorsqu'elle a entendu le juge reporter la séance. Le tribunal de première instance d'Oujda vient d'ajourner pour la quatrième fois d'affilée l'examen de l'affaire Zineb Chtit pour des motifs se rapportant à des procédures d'ordre pratique après le désistement du premier avocat de l'accusée, Houcine Ziyani et son remplacement par un autre. «Ce report a été décidé suite à la demande que nous avons formulée pour bien étudier le dossier et nous permettre de bien préparer notre plaidoirie», a déclaré au terme de la 4ème audience le nouvel avocat de l'accusée, Chahid Benyouness. Une décision qui n'a pas fait l'unanimité surtout de la part de la défense de Zineb, constituée de sept avocats. En effet, cette défense a vu en cela «une tentative pour vider le dossier du facteur de la temporalité qui ne joue pas en la faveur de l'accusée. Une fois Zineb guérie et sans traces de tortures sur son petit corps, ils peuvent dire n'importe quoi», a martelé le premier avocat de Zineb, Lahbibe Hajji. Et d'ajouter que : «plusieurs associations nationales qui s'occupent de la défense des droits des enfants veulent poursuivre les accusés dans le cadre des articles 231, 225, 399 et 296 du Code pénal qui condamnent le viol des mineurs et la torture des enfants. Le Maroc étant un pays de droit ne peut tolérer de tels dépassements», a-t-il conclu. Concernant la déposition dans laquelle l'accusée aurait reconnu les faits qui lui sont reprochés et qu'elle assume toutes les responsabilités tout en innocentant son mari (le juge qui est aussi impliqué dans l'affaire), M. Chahid a déclaré que le contenu de ladite déposition n'est pas encore divulgué ou connu par l'ensemble des intervenants et qu'il faut attendre la décision du juge qui se charge de l'affaire. Il est à signaler, par ailleurs, que le mari de l'accusée qui est impliqué dans la même affaire par des associations de la défense des droits de l'enfance et la famille de la mineure Zineb, mais qui n'est pas poursuivi, se trouvait lors de la 4ème audience chez le juge d'instruction qui enquêtait avec lui. De son côté, le père de Zineb, Mohamed Chtit a rapporté à la presse présente au tribunal qu'il avait reçu dans son domicile à Sebt Erramla (province de Taza) la visite du juge en compagnie de quelques membres de sa famille pour trouver un compromis. Mais il avait refusé vu la gravité du cas et vu que sa fille doit servir d'exemple pour que les tortures dont sont victimes les mineurs soient bannies pour de bon. Il est à rappeler que le procureur général du Roi près la Cour d'appel d'Oujda avait ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire après avoir été informé par les services de police locale, le 20 août, de l'agression dont avait été victime Zineb Chtit. À l'issue de l'enquête, la mise en cause a été déférée, en état d'arrestation, devant le Parquet général près du tribunal de première instance de la ville. Ce dernier avait décidé de poursuivre l'accusée pour les faits qui lui sont reprochés. La même semaine, l'accusée allait accoucher d'un bébé alors qu'elle était en état d'arrestation. Ce n'est qu'après son rétablissement que les audiences ont commencé.