Un séminaire sur la convention relative aux droits des personnes handicapées s'est tenu les 2 et 3 octobre à Rabat. Objectif : inviter les pouvoirs publics à travailler avec la société civile pour mettre en adéquation les cadres juridiques avec les dispositions de la convention. «Le chemin à parcourir est long et les défis sont nombreux», a déclaré Mohamed El Khadiri, le président du Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap lors d'un séminaire sur la mise en œuvre de la convention internationale des droits des personnes handicapées. Cette manifestation, qui s'est tenue les 2 et 3 octobre à Rabat, a constitué un terrain de réflexion pour examiner comment l'Etat compte agir dans l'application de cette convention. La ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Nouzha Skalli a indiqué que son département a élaboré un projet de loi ainsi qu'un plan d'action national relatif au développement inclusif des personnes en situation d'handicap. Pour Eneko Landaburu, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne, la question des droits des personnes handicapées n'est pas de la responsabilité exclusive du ministère du Développement social. «Tous les départements ministériels doivent être impliqués dans ce dossier sinon il sera impossible d'avancer», a t-il souligné. Même son de cloche pour Najat Mjid, présidente de l'Association Bayti et rapporteur spécial auprès du Conseil des droits de l'Homme sur les droits de l'enfant qui a déclaré que : «Le ministère du développement social ne peut à lui seul prendre en charge ce plan d'action national. Le challenge qui nous attend est de taille. L'application effective de cette convention ne sera pas si simple. Il ne s'agit pas seulement d'établir un plan d'action pour les personnes handicapées mais il faut d'abord intégrer la dimension de l'handicap dans tous les départements ministériels». Et d'ajouter que «Il faut aussi relever la perception psychosociale. Nous sommes dans une société où la personne handicapée est considérée comme une victime à part entière, une demie ou un quart de personne. Il y a un travail énorme à entreprendre à ce niveau. Il faut que les Marocains changent leurs attitudes envers le handicap et adoptent une approche qui privilégie les droits de l'Homme. Le plus important, ce n'est pas le rapport que nous allons élaboré au niveau des Nations unies mais comment le Maroc va-t-il honorer ses engagements». Gilles Delecourt, directeur pour Handicap international du programme Maroc et Tunisie a relevé que la société civile a un rôle important à jouer dans la mise en œuvre de cette convention. «Avoir un rôle essentiel, c'est aussi relever plusieurs défis. La société civile doit être en capacité d'entrer dans ce processus de ratification et de suivi. L'un des principaux défis est de faire connaître cette convention et de promouvoir les droits des personnes en situation d'handicap», a t-il affirmé. «Les ONG doivent collaborer avec le gouvernement en vue d'établir un plaidoyer constructif. Les plans d'action devront être concertés sur la base de témoignages de personnes en situation d'handicap» a t-il poursuivi. Le Maroc compte 1,5 million de personnes handicapées. Selon les statistiques des Nations unies, dans le monde, une personne sur vingt est handicapée et trois personnes handicapées sur cinq vivent dans un pays en voie de développement. Seulement 2% des personnes handicapées, dans les pays en voie de développement, ont accès à la réhabilitation et aux services de base appropriés. Et ce n'est pas tout. Seul 1 à 2 % des enfants handicapés, dans les pays en voie de développement dont le Maroc , reçoivent une formation scolaire.