À l'issue du 10ème congrès national de l'ANMSL, tenu samedi 27 juin à Casablanca, Saâd Benmansour , président de l'ANMSL, évalue le système de santé au Maroc. ALM : Pourquoi avez-vous choisi cette date pour tenir votre congrès? Et quels sont les principaux objectifs de cette rencontre ? Saâd Benmansour : Ce congrès coïncide avec le 10ème anniversaire du syndicat «Alliance nationale médicale et santé libérale». Cette rencontre, nous a permis d'évaluer le rendement de cette instance qui regroupe médecins, pharmaciens, dentistes et paramédicaux libéraux. Les objectifs de cet événement sont multiples. Il est question de mettre en place une réforme organisationnelle qui subdivisera l'alliance en 5 Syndicats sectoriels dont un syndicat de jeunes promoteurs de la santé pour la mise à niveau des cabinets en difficulté et l'assistanat des nouveaux lauréats dans la réalisation de leurs projets. De même, ce congrès est venu répondre aux propositions formulées par la ministre de la Santé, Yasmina Baddou, ainsi qu'instaurer un débat autour de quelques thèmes tels que le tabagisme, la sophrologie et la création d'une association d'œuvres sociales et culturelles dédiées à nos adhérents ainsi qu'à leurs familles. Quelle évaluation faites-vous du système de santé au Maroc ? Le système de santé au Maroc est défaillant. L'absence d'une stratégie efficace constitue la principale cause de son altération. Le changement constant de ministre d'un gouvernement à l'autre empêche toute proposition de réformes. Ainsi, nous exigeons la création d'un Conseil supérieur de santé pour établir une charte nationale à laquelle tout gouvernement futur est tenu d'exécuter les objectifs. Par ailleurs, il est primordial de désigner un interlocuteur avec les instances libérales. Les ordres professionnels de la santé connaissent une anarchie importante et un arrêt de discussion qui porte préjudice aux médecins et aux citoyens. Parmi les autres anomalies du système de santé, l'absence d'une couverture médicale généralisée (dont nous souffrons également), du tiers payant, de la contribution sociale généralisée ainsi que de la complémentarité entre le secteurs public et privé. Quel bilan faites-vous des propositions formulées par le ministère de la Santé ? Après examen des propositions du ministère, nous avons déduit que l'ouverture des capitaux suggérée par la ministre Yasmina Baddou ne doit avoir lieu qu'après un dialogue entre les parties concernées. Également, l'ouverture des frontières médicales doit s'opérer pour l'investissement du système de santé et non pas pour des raisons politiques ou économiques. Mais avant toute ouverture, il est nécessaire de dynamiser le potentiel humain national. De même, nous jugeons aberrante l'instauration du temps plein aménagé (TPA) des professeurs médecins.Ce dispositif introduira une anarchie dans le secteur, dont la principale victime sera le patient issu de classe défavorisée. La question qui se pose aujourd'hui: est-la ce que l'Etat doit continuer à s'enrichir de la maladie du citoyen ou bien doit-elle améliorer son état de santé? Il est obligatoire d'ouvrir un champ de dialogue national pour faire face à tous ces paradoxes.