Ce n'est pas en France que ça se passe, ni en Hollande, ni en Belgique mais… au Maroc et plus exactement à Mohammédia ! Pour la première fois, un «enfant de l'immigration», rentré au pays, a été élu maire ; je voudrais d'ailleurs souligner car il faut rendre à César ce qui lui appartient, que c'est sur une liste du « PAM » que Mohammed Mfadel était candidat et que ce parti- à qui l'on a beaucoup reproché – a tout de même été celui –qui a le plus ouvert ses portes à la jeunesse, aux femmes et aux «Marocains pluriels». La famille Mfadel est une famille de l'immigration installée en France de longue date. Traditionnelle, unie, elle a su élever ses enfants dans l'amour du pays d'origine et le respect du pays de vie : vivant à Dreux, outre Mohammed qui vient de remporter la municipalité de Mohammédia, elle a aussi donné naissance à un billant cadet: Redouane, qui a marqué l'histoire du mouvement beur en se présentant contre Stirbois- représentant de JM Le Pen – dans la première ville de France passée à l'extrême droite, Dreux. Mohammed Mfadel devient ainsi un billant symbole des deux côtés de la Méditerranée puisque son histoire, son parcours, ses qualités personnelles, son itinéraire qui va du Maroc à la France, de la France au Maroc l'on aujourd'hui porté à la tête de la municipalité de cette ville «métisse» qu'est Mohammédia. A titre personnel, mais j'en suis convaincu à l'instar de tous ceux qui militent pour que perdure ce lien entre notre communauté de l'étranger et le pays d'origine, l'élection de Si Mohammed est une merveilleuse aubaine. Je voudrais également dans cette chronique, au ton résolument optimiste, dire ma fierté : durant 7 ans au sein du Réseau Maillage, qu'à quelques-uns et en dépit de bien des oppositions, nous avons créé dans nombre de quartiers populaires, nous avons réussi à faire émerger une nouvelle race et une nouvelle génération de militants associatifs. Les graines ont germé et les pousses ont pris leur essor, et lors des élections communales, un certain nombre d'entre eux se sont présentés et ont été élus dans différentes villes. J'en suis très fier car leur expérience de terrain, leurs connaissances acquises au sein de Maillage ont fait d'eux des militants (es) convaincus, honnêtes, compétents… qu'ils trouvent ici l'expression de ma sincère admiration ! Pour en revenir au titre de ma chronique, plutôt que de «beurs», il est aujourd'hui plus judicieux de parler de «pluralité» tant pour notre communauté à l'étranger si riche et si variée que pour le Maroc même où les brassages opèrent et où les Marocains sont eux aussi «multiples». C'est pourquoi, avec un certain nombre de Marocains (es) ayant vécu ou étant nés à l'étranger et rentrés au pays, nous avons choisi d'enfourcher un nouveau défi en créant l'association « Marocains pluriels », avec la volonté de contribuer à l'ouverture des esprits, promouvoir la tolérance, apporter notre voix aux questions de société et ouvrir des voies à la jeunesse des deux côtés de la Méditerranée. L'élection de Mohammed Mfadel vient conforter notre démarche en nous offrant un éclairage nouveau et un beau tremplin.