La première édition du Festival international de littérature prend fin aujourd'hui à Rabat à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc. Son directeur en explique les enjeux. ALM : Pourquoi l'organisation d'un Festival de littérature ? Youssouf Amine El Alamy : Les rencontres autour de la littérature existent partout au Maroc, mais elles se limitent souvent à un cadre restreint, universitaire par exemple. L'idée du Festival international de littérature est d'être accessible à un large public et lui donner la possibilité de rencontrer des écrivains de renom et de calibre international venus de Turquie, Hollande, Indonésie, Afrique du Sud, France, Etats-Unis et Maroc. Il s'agit de donner la parole aux écrivains à travers diverses rencontres-débats à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc de Rabat : face-à-face entre écrivains, débats entre un auteur et un discutant, lectures et performances... Ce sont des rencontres vivantes, originales et consistantes du point de vue des sujets traités et du nombre limité à chaque fois des écrivains intervenants. Il y aura également une rencontre à l'université Ibn Tofaïl dédiée aux étudiants. Cet événement est organisé par le Centre marocain de Pen Club International fondé par le regretté Abdelkébir Khatibi en partenariat avec la Bibliothèque nationale, le Festival de La Haye (Winternachten) et le CCCL. Quelle est la portée du thème de cette édition « Ecrire entre les lignes» ? «Ecrire entre les lignes» met l'accent sur les relations qu'entretiennent les écrivains avec la liberté d'expression. Cette thématique est liée à une certaine forme d'engagement. Ainsi nous avons invité des écrivains comme Linda Chritanty qui défend les minorités en Indonésie, ou la Sud-Africaine Antjie Krog dont la poésie décrit la réalité de son pays, vécue par les Blancs. Cette dernière avait un dialogue très intéressant avec Abdelhay Mouden (membre du forum justice et vérité). Nous avons aussi lors de cette dernière journée, le débat «écrire entre les langues» qui aborde un sujet en rapport avec la mondialisation et qui implique également notre pays puisque nous utilisons plusieurs langues. Pouvez-vous nous parler de l'exposition «Un roman dans la ville» qui a inauguré le festival ? Le festival s'est ouvert sur une première éditoriale, l'exposition «Un roman dans la ville». Le public pourra lire mon nouveau roman itinérant, «Nomade», entièrement manuscrit, en version française, arabe et braille, sous la forme d'une installation qui occupera tout l'espace de la Bibliothèque. La mise en espace de ce roman inédit constitue une réflexion sur l'avenir du livre et de l'édition. Ce roman est affiché visiblement et d'une manière symbolique pour reconquérir le regard du public et remplacer les affiches et les publicités. Pour le lire intégralement, le lecteur se doit d'être actif et suivre un quelconque itinéraire. C'est une métaphore pour dire qu'on doit bouger, avancer, sortir de son immobilisme pour progresser et continuer à se nourrir l'esprit. Pour information, cette exposition qui a démarré à Rotterdam en avril 2009 ira à Copenhague, au Danemark, en décembre 2009 à l'occasion du COP 15 (Conférence internationale sur le réchauffement climatique). Elle est également prévue dans d'autres villes du Royaume.