La musique engagée du chanteur et compositeur Marcel Khalifé a inauguré vendredi 29 mai à la porte monumentale de Bâb Al Makina à Fès, la 15ème édition du Festival des musiques sacrées du monde. SAR la Princesse Lalla Salma a présidé, vendredi soir à Fès, la cérémonie d'ouverture du 15ème festival de Fès des musiques sacrées du monde, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, par la fondation Esprit de Fès, sous le thème «L'arbre de vie». La paix, l'amour, l'engagement que chante Marcel Kahilfé sont des causes sacrées qui font partie de la vocation du Festival des musiques sacrées du monde qui se poursuit jusqu'au 6 juin. «Le sacré ne se résume pas à ce qui descend du ciel. C'est aussi l'amour que l'on ressent pour les autres et pour les causes auxquelles l'homme se dévoue», avait indiqué Nadia Benjelloun directrice internationale du festival, lors de la conférence de presse qui a suivi le concert inaugurale vendredi 29 mai. Et ce dernier était également un hommage au peuple palestinien, à travers Mahmoud Darwich, ce poète exceptionnel ami très proche du chanteur. Ainsi plusieurs textes de «ce Palestinien toujours vivant qui cherchait son identité dans cet univers immense, et qui font désormais partie du patrimoine de l'humanité», selon Marcel Khalifé, ont été récités, chantés, et revisités par l'artiste et son détonnant orchestre. «Oummi» (ma mère), «Rita w'al-Bundouqiya» (Rita et le fusil), «Al Hounoudou al houmr» (Les peux rouges), «Le moineau», «Passeport»... figuraient parmi les titres que le public était libre d'interpréter et s'en réapproprier la signification. Chacun a sa Rita, «Le pain de sa mère», son «Moineau»... Selon Marcel Khalifé, «l'art a besoin de liberté pour éclore, sans elle, il ne peut y avoir d'art». Ainsi sur scène, l'artiste ferme les yeux, son esprit plane et au public de le suivre pour recevoir cette lueur qu'on essaie de lui transmettre. Et c'est dans cette approche que l'audience a eu droit à un concert intense, d'une musique innovatrice, classique et en même temps traditionnelle dans laquelle plusieurs influences étaient présentes autant que le risque artistique et l'audace musicale de Marcel Khalifé. Son œuvre est une recherche perpétuelle. Il a même parlé, lors de la conférence de presse, d'éventuels projets musicaux puisés dans la richesse culturelle du Maroc. Et dans son spectacle, il est question de véritables expérimentations. «C'est ce qui donne vie à l'œuvre à chaque fois», dit-il. Et dans cette démarche de recherche approfondie, Marcel est accompagné par de musiciens de différentes nationalités et qui sont engagés dans l'interprétation de chaque note de leur partition. «Toutes les personnes de l'orchestre sont en plus d'être des musiciens, des gens libres, solidaires avec nos causes légitimes et qui participent activement à la recherche musicale, intellectuelle et philosophique au sein de la formation», explique le compositeur. Et c'est cette extraordinaire relation que chaque musicien a avec son instrument, ce dernier devenant une extension de son corps, une partie de l'essence de son être, qui a ressurgit lors des multiples sessions d'improvisation qui ont ponctué le concert. Et c'est cela le but pour Marcel Khalifé, non pas rester à la surface, mais aller à la profondeur de la musique. Et parmi les musiciens de l'orchestre, on note Rami et Bachar, les deux fils de Marcel Khalifé. «Tout au long de leur parcours, depuis leur naissance, j'ai appris d'eux et eux de moi. Il y a un vrai dialogue entre nous qui frôle même le conflit. C'est ce qui crée cette folie sur scène et parfois cette extase», a-t-il déclaré. Et Marcel Khalifé de conclure par un message de paix sacrée , que Fès dégage aussi : «Ne pas avoir peur de dialoguer avec l'Autre. Et surtout à travers la musique, s'ouvrir sur l'univers, sur tout le monde». DNES à Fès Amine Harmach [email protected]