La ministre de l'intérieur Michelle Alliot-Marie vient de désavouer Xavier Darcos en affirmant que ses propositions sur la sécurité dans les établissements scolaires «devront être précisées». Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale et chouchou revendiqué de Nicolas Sarkozy, peut se frotter les mains avec jubilation. Sa proposition de doter les écoles d'une «force mobile d'agents» et d'installer aux portes des établissements scolaires des portiques de sécurité pour la détection des armes, tout de suite qualifiée par l'opposition de «GIGN scolaire», continue de susciter un débat passionné. L'étincelle a été jetée près d'un baril de poudre, la campagne électorale des européennes. Xavier Darcos n'est pas à sa première proposition originale en la matière. Il avait défrayé la chronique en proposant le retour aux uniformes dans les collèges et les lycées. Ce qui avait déjà poussé l'opposition à dénoncer la discipline militaire appliquée à l'éducation qui l'animait. Sa réforme des lycées a été reportée aux calendes grecques à cause des puissantes oppositions qu'elle a su générer dans le monde de l'éducation. Ironie de l'histoire, non seulement l'opposition est tombée à bras raccourcis sur l'idée d'introduire la police aux collèges et aux lycées, mais au sein même du gouvernement, un énorme couac est en train de prendre corps. La ministre de l'Intérieur, Michelle Alliot-Marie, en charge officiellement de la sécurité vient de désavouer Xavier Darcos en affirmant que ses propositions sur la sécurité dans les établissements scolaires «devront être précisées» tout en prenant soin de préciser qu'elle «ne croit pas à une généralisation des portiques dans les écoles ». Dans la bouche de Michelle Alliot-Marie, une telle réserve vaut désaveu. Le couac est d'autant plus visible qu'au sein même de la majorité présidentielle, deux députés du «Nouveau Centre», Philippe Vigier et Nicolas Perruchot, jugent que cette proposition est à «contre-courant». «Le Nouveau Centre» est cette structure politique dans laquelle Nicolas Sarkozy avait investi toute son énergie pour affaiblir le leader naturel du Centre, François Bayrou. Et qu'en pleine campagne électorale des européennes, un allié important de l'UMP, le parti du président se permet de marquer un tel écart, cela fait tache dans la stratégie. L'opposition traditionnelle s'est emparée avec gourmandise de cette affaire. Bruno Julliard, secrétaire national du PS chargé de l'Education fait ce constat d'échec: «Quand un gouvernement en vient à proposer de substituer des policiers aux enseignants, c'est qu'il a échoué sur toute la ligne». La tonalité générale des critiques accuse Nicolas Sarkozy de remettre l'épouvantail sécuritaire sur la table à la veille d'une importante échéance électorale. La valeur électoraliste d'une telle proposition n'est plus à démontrer pour tous ceux qui voient déjà Xavier Darcos dans un autre poste que l'Education nationale lors du prochain remaniement ministériel. En effet, les pronostiqueurs de ce prochain mercato politique misent sur un départ de Xavier Darcos de ce ministère. L'intéressé a fait savoir qu'il a fait le tour de la question et qu'il souhaite découvrir d'autres horizons comme la Justice, l'Intérieur ou l'Agriculture. D'ailleurs, pour adresser un autre signal au monde de l'éducation après les blocages qu'avait entraînés la réforme des lycées, Nicolas Sarkozy n'a pas d'autres choix que de confier les destinées de l'éducation nationale à une autre personnalité politique apte à faire les reculs nécessaires sans donner l'impression de battre en rase campagne. Xavier Darcos pourra afficher comme bilan positif d'avoir été un fidèle actif à Nicolas Sarkozy, il fait partie du cercle premier qui entoure et porte l'action du président de la République, mais il peut s'honorer aussi d'avoir involontairement bloqué l'entrée du socialiste Jack Lang dans le casting gouvernemental de François Fillon. Entre Xavier Darcos et Jack Lang, la haine est aussi chronique que tenace. C'est ce qui explique sans doute la violence de la réaction de ce dernier qui estime que Xavier Darcos, «tigre de papier qui cherche à survivre quelques semaines encore», était «grillé» et «avait perdu son autorité» et a comparé ses propositions de «propos en peau de lapin».