Pour surmonter les traumatismes de l'histoire, le président algérien Abdelaziz Bouteflika préconise une voie originale aux deux peuples algérien et français. Après avoir fustigé à de nombreuses reprises le passé colonial de la France dans son pays, le président algérien Abdelaziz Bouteflika prône désormais une voie originale aux deux peuples algérien et français pour surmonter les traumatismes de l'histoire. «Pour tourner définitivement cette page noire de l'histoire, il faudrait aux deux pays et aux deux peuples de trouver ensemble la voie originale qui permettra de surmonter les traumatismes causés au peuple algérien par l'Etat colonial français, des traumatismes qui continuent, souvent inconsciemment, à modeler nos consciences et nos manières d'agir», écrit-il dans un message lu récemment en son nom lors d'une conférence organisée par l'université de Sétif (300 Km à l'est d'Alger). La ville de Sétif a été le théâtre, les 8 et 9 mai 1945, d'émeutes qui ont été réprimées dans le sang. Les historiens font état d'un bilan oscillant entre 10.000 et 20.000 morts. Cette voie originale que propose M. Bouteflika sans dire laquelle, permettra également d'établir entre l'Algérie et la France, entre le peuple algérien et le peuple français, des rapports authentiques d'amitié sincère et véritable dans une coopération où chacun trouvera son intérêt et des raisons d'espérer dans l'avenir. Le chef de l'Etat algérien reste néanmoins fidèle à sa position antérieure en fustigeant l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sur le rôle positif de la colonisation, tout comme il conteste la pertinence de la proposition de certains hommes politiques et intellectuels français de laisser le travail sur la mémoire coloniale aux historiens. «Les discours récents sur le caractère prétendument positif du colonialisme et les initiatives visant à laisser le soin aux historiens et aux sociétés civiles, de reconstituer cette période de violence et d'atteinte aux droits et à la dignité du peuple algérien sont loin de contribuer à rétablir la vérité et à rendre justice à l'Algérie pour le mal que nous avons subi», explique-t-il dans son message. Rompant avec ses précédentes diatribes sur le système colonial, parlant notamment de génocide, M. Bouteflika convient «qu'on ne peut pas faire porter au peuple français tout entier la responsabilité des malheurs et des souffrances, qu'en son nom le colonialisme français nous a imposés». Il passe sous silence également la demande de pardon et le devoir de repentance, deux conditions posées jusqu'à récemment comme préalable par Alger pour concrétiser le processus de refondation des relations bilatérales cher à Jacques Chirac. Epousant le discours prononcé par Nicolas Sarkozy en décembre 2007 à l'université de Constantine, Abdelaziz Bouteflika estime que l'essentiel est de construire pour nos jeunes un avenir de paix et de prospérité. Les observateurs jugent que ce changement de ton du président Bouteflika sur cette question mémorielle, n'est pas sans lien avec sa prochaine visite officielle qu'il devrait accomplir en juin prochain en France.