Mohamed Elyazghi, en homme politique madré, semble agir en tant que leader de substitution — en backup, comme on dit en langage informatique La dernière interview accordée par Mohamed Elyazghi à notre confrère Le Matin du Sahara du 6 avril 2009, ressemble à une interview de chef d'Etat. Tout y est, ou presque… Les thématiques, les questions, les réponses, le ton, le souffle, la longueur, la profondeur, etc. C'est à se demander pourquoi un homme, de cette trempe et de cette qualité, a perdu deux congrès successifs — ou un seul congrès en deux temps — et, comble de cécité de la part de ses camarades, et n'a été élu dans aucune instance exécutive de l'USFP. L'ex-premier secrétaire, dans cet entretien assez extraordinaire, paraît assumer des responsabilités partisanes qu'il n'a plus et, surtout, parle à l'opinion publique d'un lieu dont elle ignore l'adresse. Mohamed Elyazghi, en homme politique madré, semble agir en tant que leader de substitution — en backup, comme on dit en langage informatique —, convaincu qu'il est, que le leadership qui l'a évincé de la tête du parti, ne fait pas actuellement le job. Cette analyse est assez juste. Ceux qui ont gagné le dernier congrès se sont empressés de mettre l'USFP au congélateur. Ce qui devait être un véritable signal de rénovation s'avère, en fait, être une victoire à la Pyrrhus. Tout est dévasté. Rien ne bouge plus dans les mornes plaines du socialisme «gouvernementalisé». Ni les hommes, ni les idées. Ni l'organisation, ni l'appareil. Ni la théorie, ni la pratique. Gagnants d'hier, fossoyeurs d'aujourd'hui. L'inverse est aussi vrai. Les rôles sont interchangeables. Dans ce sens, la sortie de Mohamed Elyazghi est un joli coup.