Pour le secteur du transport aérien comme pour d'autres, 2009 sera l'année des tempêtes, l'arrivée des beaux jours n'étant pas attendue avant 2010. C'est en tout cas ce que pronostique Lufthansa, la compagnie aérienne allemande, pensant améliorer ses résultats l'an prochain, pour autant que le marché commence à se redresser au troisième trimestre de cette année. «L'année 2009 sera très exigeante pour nous tous», observe-t-elle mercredi dans le communiqué accompagnant la publication de ses résultats de 2008. L'irlandaise Aer Lingus, déficitaire en 2008 à la différence de Lufthansa, ne pense plus dégager un bénéfice imposable cette année, même si son directeur général Dermot Mannion a quelque peu tempéré ce pronostic en déclarant qu'il serait manqué de peu. Les perspectives sont identiques pour leurs homologues asiatiques. Cathay Pacific Airways, qui a accusé en 2008 une perte nette sans précédent, affirme que 2009 sera «extrêmement éprouvante». Singapore Airlines, dont le bénéfice a fondu de 43% au troisième trimestre, a dû, pour faire face à la crise, prier des salariés d'accepter un congé sans solde pouvant durer deux ans. On s'attend à ce que Japan Airlines annonce pour son exercice 2008-2009, clos le 31 mars, une perte nette de l'ordre de 34 milliards de yens (345,3 millions de dollars). Elle entend réduire ses coûts de 50 milliards sur l'exercice en cours. Les compagnies aériennes d'une manière générale sont victimes d'une chute de la demande de voyages d'agrément ou d'affaires dans le contexte actuel de récession. L'Association internationale du transport aérien (Iata) estime ainsi que les compagnies aériennes ont perdu jusqu'à huit milliards de dollars en 2008, alors qu'elle anticipait auparavant cinq milliards. Les fluctuations des cours du brut depuis l'été 2008 sont une autre cause de souci pour les compagnies aériennes. Beaucoup s'étaient couvertes en achetant des contrats pour se prémunir de la hausse des prix de carburant. En conséquence, elles ont été prises de court par la chute brutale du baril de brut depuis son record de juillet dernier. C'est ainsi que tant Cathay Pacific que Singapore Airlines ont évoqué des pertes sur des contrats de couverture du risque carburant pour expliquer leurs contre-performances. Cathay, cinquième compagnie aérienne asiatique par la capitalisation, précise que les pertes latentes mark-to-market sur la couverture carburants représentaient HK$1,9 milliard à la fin février contre HK$7,6 milliards pour l'ensemble de 2008. Lufthansa a dû annuler un contrat de couverture complète qu'elle avait passé en 2008 avec la banque d'investissement américaine faillite Lehman Brothers.