L'Association marocaine de prévention bucco-dentaire organise le premier congrès international de prévetion bucco-dentaire. Son président, Mohamed Jerrar, explique les enjeux et l'importance d'une telle manifestation. ALM : Pourquoi avez-vous décidé d'organiser un tel congrès? Et quels sont les objectifs de cette manifestation ? Mohamed Jerrar : L'AMPBD est présidente de la Commission arabe de prévention bucco-dentaire, membre de la Fédération dentaire internationale (porte-parole privilégié de la dentisterie envers l'Organisation mondiale de la santé), membre du Groupement des associations dentaires francophones et membre de l'Organisation régionale africaine. En ces qualités, l'AMPBD, à travers son bureau national et ses commissions, a pris l'initiative et le défi d'organiser ce premier congrès international du 2 au 4 avril à Marrakech. L'objectif étant de promouvoir l'importance de la santé bucco-dentaire à travers la sensibilisation des professionnels, des pouvoirs publics et de la population et, ainsi ancrer l'idée selon laquelle la santé bucco-dentaire est une partie intégrante de la santé générale. Cette manifestation sera l'occasion d'échanger les expériences entre les pays participants et d'établir des recommandations dans ce sens. Nous avons décidé que ce congrès se déroulera tous les deux ans. Qu'en est-il de l'état de la santé bucco-dentaire au Maroc ? La situation est alarmante. Selon la dernière enquête du ministère de la Santé qui date de 1999, la pré valence de la carie en denture permanente est de 72%. L'indice CAO (dent cariée, absente, obturée) est de 2,5%. En matière d'atteintes parodontales, le saignement est de 28,4% et le tartre de 34,1%. Il faut noter que les consultations dentaires ne représentent que 12%. Seulement 18,5% des Marocains possèdent une brosse à dents.
Quelles sont les conséquences d'un tel manque de suivi ? La vraie médecine s'exerce avant que la maladie ne s'installe, une fois qu'elle est là, le médecin dentiste ne fait que limiter les dégâts. Notre rôle est d'aider le citoyen à se prendre en charge. Ainsi, les conséquences d'un mauvais suivi médical se répercutent sur trois plans. D'abord sur la santé, en négligeant nos dents, les premiers risques encourus sont la carie qui attaque spécialement l'organe dentaire, et les parodontopathies (maladies qui attaquent les tissus de soutien de la dent qui sont l'os et la gencive). Ces problèmes non traités entraînent des conséquences fâcheuses au niveau local (fracture, perte de dents), au niveau loco-régional (abcès, cellulites, kystes, ostéites,...) et sur le plan général (cardiopathies, pathologies rénales, pathologies articulaires, pathologies digestives...). En second lieu, en cas de maladie, la personne concernée subira la douleur, la souffrance, une gène dans les fonctions masticatoires, phonatoires et posturales. Enfin, c'est tout le développement économique du pays qui sera touché, parce qu'une personne qui souffre d'une rage de dent ne peut ni travailler ni aller à l'école.