Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, plaide pour une représentativité massive des femmes aux élections communales du 12 juin 2009. ALM : Le taux de 12 % que le gouvernement a exigé des partis politiques pour la représentativité féminine est vu par plusieurs partis politiques comme un objectif difficile à atteindre. Ces derniers avancent comme argument le nombre réduit de femmes qualifiées. Qu'en pensez-vous ? Nouzha Skalli : Je demande aux personnes qui pensent que le nombre des femmes qualifiées est réduit et mettent en doute la compétence des femmes, s'ils sont compétents pour juger la qualification et la compétence des femmes. Il y a plusieurs femmes qualifiées dans notre pays. Ces gens oublient que les femmes sont d'excellentes gestionnaires. Celles-ci sont aptes à gérer les affaires locales. Il est temps de faire évoluer les choses en réunissant nos forces. Hommes et femmes doivent travailler ensemble. Donner la chance aux femmes pour participer aux côtés des hommes dans la gestion des collectivités locales est une révolution positive au Maroc. J'espère que le taux de 12% sera non seulement atteint mais dépassé. La politique a également besoin des femmes Est-ce qu'on peut dire qu'au sein de plusieurs partis politiques, il y a une mentalité «machiste» ? Je peux dire que dans la société marocaine en général, on pense toujours que la femme est capable de remplir différentes missions mais pas la mission politique. On n'est pas encore habitués à voir les femmes en politique. La majorité des gens estiment que la politique est faite pour les hommes et non pour les femmes. Bien des pays ont essayé de donner plus d'opportunités aux femmes pour intégrer le monde de la politique et participer à la gestion de la vie publique de la nation. Pour le Maroc, nous ne sommes qu'au premier pas. Comment peut-on inciter les citoyens à aller voter massivement le 12 juin prochain ? Je crois que la solution réside dans l'effort que chacun doit fournir. Les partis politiques, la société civile, l'Etat, les médias… Tout le monde est concerné et doit s'impliquer pour redonner confiance aux citoyens. C'est le seul moyen pour espérer voir les citoyens se déplacer en masse le jour des élections communales. Les citoyens et les citoyennes ont besoin de politique, pour concrétiser leurs aspirations. Les jeunes doivent s'intéresser davantage à la politique et aux élections. Ils constituent une force. La participation de toutes les composantes de la société marocaine permettra d'aller de l'avant et avoir l'espoir en un avenir meilleur. Lancement de la campagne sur la participation féminine le 7 mars La deuxième campagne nationale de communication et de sensibilisation sur la participation politique féminine sera lancée à Rabat le 7 mars. Le thème qui a été retenu pour cette campagne est : «Les femmes dans les communes : levier de la gouvernance locale». La campagne a pour but de sensibiliser le grand public à l'importance de la participation des femmes à la gestion des affaires locales, de valoriser la participation des femmes au développement local à travers la présentation et la diffusion de leurs expériences réussies et d'interpeller les acteurs institutionnels et politiques pour s'impliquer fortement dans la mise en œuvre des acquis du code électoral. Les élections communales constitueront la garantie de la représentativité féminine minimale de 12%. Le défi de la participation effective des femmes dans la gestion des affaires locales est à relever.