Les relations entre le Maroc et l'Algérie et le Maroc et l'Espagne ont toujours été marquées par des hauts et des bas. La question du Sahara marocain n'a jamais cessé d'être au cœur de cet éternel malentendu. Les raisons, d'ordre historique et stratégique, n'en manquent pas. Dans une interview au quotidien «Asharq Al Awsat», publiée jeudi dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaissa, n'a pas manqué de souligner que le Maroc était déçu par la position de Madrid sur la question du Sahara au Conseil de sécurité, sachant que Madrid, qui assure la présidence tournante de l'organisme onusien, «a joué à la fois le rôle de juge et partie». M. Benaissa a ajouté en guise de précision qu'«au moment où nous oeuvrons avec sincérité pour réinstaurer la confiance entre les gouvernements (marocain et espagnol) et consolider les liens de coopération et de partenariat entre les deux pays et les deux peuples voisins, la présidence du Conseil nous a surpris par une position contraire aux intérêts suprêmes du Royaume du Maroc et aux intérêts même de l'Espagne au Maroc». Ana Palacio, chef de la diplomatie espagnole, s'est engagée, en effet, au nom de son pays d'adopter une «position constructive et impartiale». Mais, concrètement, sa position «n'a été ni constructive ni impartiale et ne sert aucunement les intérêts des deux pays, ni la sécurité et la stabilité dans la région», a fait observer M. Benaissa, rappelant l'entretien téléphonique qu'il a eu mardi avec son homologue espagnole pour attirer son attention sur les conséquences de cette position sur les relations bilatérales. La même attitude a été explicitée par le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, qui a exprimé ses regrets du rôle joué par l'Espagne au Conseil de sécurité en se mobilisant en faveur «d'une thèse qui ne correspond pas du tout à celle explicitée» par le Maroc. En revanche, cette hostilité est annoncée par Inocencio Arias, le Représentant de l'Espagne à l'ONU, comme étant «une politique de neutralité» ! Une position qui n'est pas nouvelle de la part des responsables de ce pays. D'ailleurs, n'est-ce pas le Général Franco qui fut le premier chef d'Etat à évoquer le principe de l'autodétermination du peuple sahraoui, alors que ce principe n'a jamais été à l'ordre du jour en Espagne durant la période franquiste. Certes, l'amalgame a toujours persisté, surtout que c'est l'Espagne qui était à l'origine des accords tripartites conclus avec le Maroc et la Mauritanie annonçant la fin de la présence espagnole au Sahara marocain avant le 28 février 1976. Du côté algérien, le problème se pose en termes de visées hégémoniques dans la région, dissimulées sous le couvert du slogan appelant à l'édification du Maghreb des peuples. Même quand des représentants de ces peuples sont créés de toutes pièces à « Hôtel Saint Georges » se situant au cœur d'Alger. Le 16 juillet dernier, le Président Abdelaziz Bouteflika a annoncé, lors d'un dîner offert en l'honneur du président pakistanais, Pervez Mousharraf, que « pour ce qui la concerne, l'Algérie continuera à apporter son appui aux efforts du secrétaire général de l'ONU et elle renouvelle son soutien et sa confiance à M. James Baker dans sa recherche d'une solution juste et durable à ce conflit qui n'a que trop duré ». Oubliant d'un seul trait l'implication directe de son pays dans la création de ce problème artificiel conformément à une stratégie amorcée par le Président Houari Boumediene qui consistait à user de la rente pétrolière pour l'acquisition du soutien aux séparatistes sahraouis, alors qu'officiellement, l'Algérie annoncait n'avoir aucun intérêt dans la région saharienne marocaine (Discours du Président Boumediene lors du Sommet de Rabat en 1974). Alors que sur le terrain, comme l'ont confirmé trois anciens responsables du polisario, Keltoum El Khayat, Mohamed Sidati Ben Abdellah Ghillaoui et Mohamed Ben M'Hamed Yahdih lors de leur retour à la mère patrie, « le polisario n'est en réalité qu'une vitrine au service des intérêts de l'Algérie et hostile à l'intégrité territoriale du Maroc ». Une vérité qui n'a pas échappé au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaissa, notamment lorsqu'il rappelle que «le problème du Sahara est un problème géopolitique dans la région essentiellement entre le Maroc et l'Algérie qui abrite sur son territoire les séparatistes avec leurs armes». Il n'est pas, donc, dû à un simple jeu de hasard, de constate de l'alignement des séparatistes aux positions des Algériens et Espagnols, particulièrement lors des hostilités vis-à-vis du Maroc.