L'Association des droits du téléspectateur organise un colloque sous le thème «Le téléspectateur marocain, quels droits ?» le jeudi 8 janvier à Rabat. El Mustapha Benali, le président, explique les enjeux de cette activité. ALM : Comment est née l'idée de la création de votre association ? El Mustapha Benali : La création de «l'Association marocaine des droits du téléspectateur» est une réponse logique à une analyse profonde des préoccupations et des attentes des Marocains d'abord envers leurs Télévisions publiques et ensuite envers la télévision en général comme moyen de communication, d'information, de culture et de divertissement. Ces préoccupations et attentes révèlent la réalité d'un public déchiré par les conflits qui tourmentent notre société marocaine actuelle. Le public semble marquer une certaine distance vis-à-vis des valeurs qui ont fondé le service public de télévision. Cet état de lieu qui exige un rôle actif de la société civile dans la promotion de la culture informationnelle critique nous a inspiré l'idée et a donné naissance à notre association. Pourquoi vous organisez ce colloque en ce moment? Le colloque que nous envisageons d'organiser le jeudi 8 janvier à rabat sur le thème «Le téléspectateur marocain, quels droits ?» est en fait un lancement officiel de notre plan d'action pour l'année 2009. Mais aussi une nécessité scientifique qui peut apporter pas mal d'éclaircissements sur ce sujet. Nous voulons que les recommandations de ce colloque soient utiles pour nos activités. Quelle est la stratégie de votre association pour prévaloir les droits du téléspectateur ? La stratégie de notre association sera déterminée par le contexte national qui est caractérisé par de multiples mouvements revendicatifs. Nos activités consisteront en l'organisation de tables rondes, campagnes de sensibilisation, manifestations de revendications et toutes activités autorisées par la loi en vigueur. Notre stratégie est marquée par l'approche participative basée sur le dialogue. Nous voulons que notre association soit un partenaire crédible pour tous les responsables, opérateurs, et intéressés. Quels droits a le téléspectateur marocain ? Les droits du téléspectateur marocain sont garantis par les chartes internationales des droits de l'Homme, les droits fondamentaux qui figurent dans la Constitution marocaine et les lois en vigueur, mais reste à dire que ce téléspectateur en doit être conscient pour les faire valoir en cas de dérogation ou de négligence de la part de chaînes de télévision. On peut distinguer deux types de droits. Il s'agit des droits principaux comme par exemple les droits associés à la liberté et l'égalité du téléspectateur en droits ; le respect de l'identité culturelle du téléspectateur marocain ; le droit à l'accès à des émissions diversifiées, aux heures de grande écoute, répondant aux besoins d'information, de culture et de divertissement, sans autre contrainte que l'acquittement de la redevance ainsi que, entre autres, le droit de refuser toute atteinte à sa personne, à sa vie privée ou à son image par la diffusion de programmes débilitants, abrutissants, mercantiles, violents ou sexistes. Puis, il y a des droits affiliés, comme par exemple le droit à la transparence sur l'établissement de la programmation des chaînes, le droit d'être informé sur les raisons qui ont amené la déprogrammation des émissions, sans raison impérieuse, le doit d'être prévenu de manière claire par un signal initial et final de tout écran publicitaire. Qu'en est-il du droit des personnes à besoin spécifique (sourds, muets, aveugles...) ? Si les télévisions marocaines n'arrivent même pas à satisfaire les besoins de la population soi-disant valides, comment pouvez vous imaginer qu' ils peuvent atteindre ce but. Sincèrement, le paysage audiovisuel national est bien loin de répondre aux besoins de cette tranche de la population.Je crois que ces gens ne jouissent pas de leurs droits dans plusieurs domaines, ce qui rend obligatoire une mobilisation à leur égard.