Repris de justice, Ahmed, âgé de vingt-huit ans, a été condamné à six ans de réclusion criminelle pour avoir violé sous la menace d'une arme blanche sa voisine du quartier. «Il m'a tuée, M. le président, il m'a tuée… », a affirmé à haute voix la jeune fille qui se tenait devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Fès. Mais, elle est encore en vie ? Il s'agit de Rachida, une jeune fille de vingt-quatre ans, célibataire, sans profession qui exprimait sa mort psychique et non pas physique. «Depuis ce jour, je n'arrive plus à dormir. Les images de ma maltraitance et de mon viol hantent mon esprit jour et nuit…», a-t-elle précisé devant la Cour. L'auteur du viol se tenait au box des accusés. Il la scrutait de temps en temps tout en intervenant pour la traiter de menteuse. «Elle était ma copine, M. le président…», a-t-il répondu au président de la Cour. Etait-elle vraiment sa copine ? «Non, M. le président… C'est vrai qu'il demeurait non loin de chez moi. Mais, je crois qu'il était sous l'emprise de comprimés psychotropes quand il m'a obligée sous la menace d'un grand couteau à l'accompagner dans un coin où personne ne passe pour me violer», a-t-elle répondu. Il s'appelle Ahmed. Il est âgé de vingt-huit ans et est célibataire. La mauvaise fréquentation l'a encouragé à abandonner, tôt, les bancs de l'école, à fumer sa première cigarette et son premier joint et à avaler son premier comprimé psychotrope. À son dix-huitième printemps, il avait déjà purgé une peine de trois mois de prison ferme pour vol. Bien qu'il ait continué à agresser les victimes pour acheter sa dose quotidienne de drogue, il n'a été incarcéré qu'une seule fois. Il a fallu attendre dix ans plus tard pour que ce dernier soit arrêté, non pas pour vol, mais pour viol. «Elle était ma copine et acceptait de faire l'amour en plein air…», s'est-il disculpé. Hors d'elle, Rachida a crié tout en fondant en larmes : «Il ment, M. le président… ». Rachida a précisé dans son témoignage devant la Cour qu'elle se rendait chez elle quand Ahmed, avec un couteau à la main, s'est approché d'elle, l'a sollicitée de l'accompagner sans demander du secours. «Il m'a menacée de balafrer mes deux joues si je demandais du secours», a-t-elle affirmé. Craignant d'être blessé mortellement, Rachida était contrainte de l'accompagner. Il l'a alors conduite dans un lieu désert. Quand elle s'est abstenue d'enlever son pantalon, il l'a giflée plusieurs fois avant de la menacer de mort. Rachida n'avait d'autre choix que d'obtempérer. Sans pitié, Ahmed l'a violée avant de l'abandonner. Après son agression, elle a été accompagnée par ses parents pour déposer plainte au commissariat de police. Arrêté, Ahmed a avoué son crime devant les enquêteurs de la police judiciaire. Mais, il l'a nié devant la cour. Une disculpation qui n'a pas été retenue par les magistrats de la chambre criminelle. Ahmed a été condamné à six ans de réclusion criminelle.