Au lendemain de l'installation des membres de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption, le président de cette instance, Abdesselam Aboudrar, dévoile son plan d'action. ALM : Maintenant que les membres de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption sont installés, pourriez-vous dévoiler votre plan d'action ? Abdesselam Aboudrar : Le plan d'action de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption ne dépend pas uniquement du président. La stratégie que nous allons suivre sera le fruit de la collaboration de tous les membres de cette instance. Notre plan d'action sera mené sous l'égide d'un système national qui inclut à la fois des réformes transversales et sectorielles engageant plusieurs intervenants, tels le gouvernement, la société civile et la presse. L'instance aura la tâche de réaliser des études sur la corruption au Maroc, actualiser la base des données sur ce phénomène et définir des stratégies de communication et des campagnes de sensibilisation. Ces mesures seront à l'ordre du jour de la première réunion de l'instance programmée début 2009. Par la même occasion, il sera question d'adopter le règlement interne de l'instance, élire une commission exécutive et dévoiler la stratégie que nous allons suivre dans notre lutte contre la corruption.
Les attributions de l'Instance de prévention de la corruption sont-elles d'ordre seulement consultatif? Ou sont-elles contraignantes ? Notre instance peut proposer des lois en matière de lutte contre la corruption. Nous pouvons également présenter des propositions pour améliorer l'arsenal juridique et assurer l'effectivité des textes de loi déjà adoptés. Par ailleurs, une commission interne verra le jour au sein de l'Instance et se chargera de recevoir des plaintes et des doléances et lancer des enquêtes pour s'assurer de leur véracité. S'il s'avère qu'il s'agit bel et bien d'une violation à la loi, nous pouvons demander la saisine de la justice. Tout cela nous amène à dire que le rôle de cette instance va au-delà de la consultation.
L'instance compte plus de 40 membres issus de différents secteurs. Comment prévoyez-vous le travail avec une équipe aussi diversifiée ? Cette instance fonctionnera comme un petit parlement. Elle compte un secrétariat général, des membres représentant des départements ministériels, des représentants d'associations professionnelles, de fédérations et des syndicats, des représentants d'ONG et des universitaires. Nous allons discuter ensemble, avec naturellement la présence du président de Diwan Al Madalim, de plusieurs sujets qui découlent tous dans le domaine de la lutte contre la corruption. Je ne crois pas qu'il y ait une divergence de points de vue au sein de l'Instance. Notre travail sera, en outre, guidé par la convention des Nations unies contre la corruption signée en 2003 par notre pays. L'indice de perception de la corruption établi par Transparency International a classé le Maroc 80ème sur une liste de 180 pays. Comment comptez-vous améliorer le classement du Maroc ? Améliorer le classement du Maroc est le défi à relever. Nous allons en faire notre objectif ultime. Sachant que les membres de l'instance ont un mandat de 4 ans, alors que le mien s'étale sur 6 ans, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour changer cette situation et faire en sorte que le Maroc atteigne un rang plus honorable. Notre objectif serait d'atteindre la moyenne et dépasser la note de 3,5/10. Nous comptons en premier lieu adopter le processus Gap Analysis, ou l'analyse des écarts, pour voir quels sont nos points forts et nos points faibles afin de cibler nos efforts. Si d'autres pays ont réussi dans l'épreuve, je ne vois pas pourquoi le Maroc ne s'en sorte pas. Nous avons la volonté et l'ambition de réussir dans notre mission.