Un débat houleux a marqué la réunion tenue samedi à huis clos par le Conseil national de l'USFP, à l'issue de laquelle cinq amendements ont été introduits au projet de plate-forme politique qui sera soumis au deuxième tour du congrès socialiste. Une adoption, au forceps, du projet de plate-forme politique pour le huitième congrès de l'USFP. Ce projet a fait l'objet d'une discussion houleuse, lors d'une réunion du Conseil national samedi dernier à huis clos à Rabat, dernière ligne droite avant le congrès qui se déroulera les 7, 8 et 9 novembre courant à Skhirat. Selon un membre dirigeant du parti socialiste, qui a souhaité ne pas être cité, la version du projet présentée au départ a «péché par un manque flagrant de clarté». «Nous nous attendions à ce que le projet détermine, de manière claire et avec courage, la responsabilité de l'USFP en tant que composante essentielle de la majorité depuis le premier gouvernement d'alternance, mais nous avons eu droit à des généralités», dévoile notre source. La première version du projet, dont l'élaboration a été confiée à Mohamed Achaâri, «imputait la responsabilité vaguement à la scène politique», sans évoquer la part de responsabilité du parti dans ce qui s'est passé. «Il est vrai que l'USFP a pris la responsabilité dans une période assez difficile, et qu'il a réalisé parfois des succès, mais il faut reconnaître que le bureau politique a également une responsabilité avérée dans la dégradation de la situation, notamment sur le plan social». 80% des interventions enregistrées lors de la discussion du projet de plate-forme ont appelé leur parti à faire son autocritique. C'est désormais acquis. La majorité des intervenants se sont mis d'accord pour apporter deux amendements principaux au projet de plate-forme. Il s'agit, d'abord, d'éviter toutes sortes de «généralités» en matière des responsabilités de tout un chacun. Il est question, ensuite, de «déterminer avec courage et sans ambiguïté la part de responsabilité de l'USFP en tant que composante de la majorité depuis le premier gouvernement d'alternance, sans compter la responsabilité du bureau politique en ce qui concerne le recul préoccupant de l'USFP lors du scrutin législatif du 7 septembre 2007». Au sujet de la réforme constitutionnelle, des membres du Conseil national de l'USFP affirment avoir relevé une «confusion» dans le projet de plate-forme. La question n'est pas de procéder à une nouvelle réforme de la Constitution, puisque cette dernière adoptée de commun accord serait déjà "suffisante». «La réforme constitutionnelle n'est pas actuellement une revendication populaire», tranche un membre du Conseil national. «Le problème est que l'on n'arrive pas encore à mettre en œuvre la Constitution déjà révisée en 1996», précise un autre. Il est question de renforcer plutôt les pouvoirs de l'institution du Premier ministre, de recentrer le rôle du Parlement en vue d'en faire une institution efficace et en phase avec l'évolution du pays, de conforter l'indépendance de la justice … De tout cela il ressort que la réforme devrait être institutionnelle, non pas constitutionnelle. Un autre point du projet de plate-forme a fait également l'objet d'amendement. Il s'agit de la moralisation de la gestion des affaires publiques. Des membres du Conseil national ont exprimé leur préoccupation quant à l'aggravation de la pratique de la corruption, des opérations de détournement des fonds publics et du foncier de l'Etat. Le projet de plate-forme doit là encore être clair sur cette affaire. Un autre point touchant à la moralisation au sein de l'USFP elle-même a été évoqué. Des voix se sont élevées, samedi dernier, pour appeler à des mesures concrètes en vue d'en finir avec l'impunité, en appelant à un renforcement du contrôle des élus du parti (présidents de communes, de Régions, etc). Reste, maintenant, la question de la participation de l'USFP au gouvernement. «Cette question a fait l'objet de surenchères», ont dénoncé nos sources, à l'issue de la réunion du Conseil national. «Sortir du gouvernement relèverait d'un manquement à nos engagements vis-à-vis de nos alliés de la majorité», explique un membre du Conseil national, qui met en garde contre des «répercussions négatives». «La sortie de l'USFP pourrait être à l'origine de la déstabilisation du pays», a-t-il averti. «Ce que l'USFP peut revendiquer à l'état actuel des choses, c'est plutôt un renforcement de sa présence au sein du gouvernement», a-t-il plaidé. Avant d'ajouter que c'est la future direction de l'USFP qui sera la seule habilitée à décider de la participation ou non au gouvernement. La question ne sera donc pas tranchée lors du congrès annoncé, mais bien plus tard. Voilà les termes de la plate-forme politique revue qui sera soumise à l'approbation du deuxième tour du huitième congrès de l'USFP.