Alors que la classe moyenne représente plus de 80% de la population en Tunisie, au Maroc, celle-ci ne cesse de se rétrécir. La question a été au centre d'un colloque organisé mercredi à Casablanca. Si la classe moyenne existait bel et bien dans les années 70, celle-ci ne cesse de s'amenuiser. L'enjeu aujourd'hui est de renforcer cette classe qui constitue un facteur de relance de la croissance par la consommation et l'épargne. Pour faire le point sur cette catégorie sociale qui a longtemps été marginalisée, un colloque sur le thème «Classe moyenne, comment la faire sortir de l'ombre ?» a été organisé mercredi 29 octobre à Casablanca par le Club Entreprendre et l'Institut Amadeus. «La classe moyenne est un pilier majeur de la société par son rôle moteur de changement social», a indiqué Yasmina Baddou, ministre de la santé. Comment peut-on définir la classe moyenne ? Difficile de répondre. Jusqu'à ce jour, aucune étude ne permet de définir de façon assez consensuelle le concept de classe moyenne. Selon Nizar Baraka, le ministre délégué aux affaires économiques et générales «un ménage fait partie de la classe moyenne dès le moment où il a la capacité d'épargner». Mais combien sont-ils à être en mesure d'épargner? Très peu. «Un couple qui gagne 14.000DH par mois dépense 5000 DH pour le logement, 1500 DH en moyenne pour la traite de la voiture et 4000 DH pour l'alimentation. Il ne lui reste que 3500 DH pour couvrir tous les autres frais (santé, transport, éducation des enfants, loisirs...) explique un intervenant. Pour que ce couple fasse partie de la classe moyenne, il faudrait qu'il a un revenu mensuel de 20.000 DH et surtout qu'il ne soit pas endetté sinon il risquerait de replonger dans la catégorie inférieure. Dans la définition de la classe moyenne, certains auteurs mettent l'accent sur des critères sociopolitiques notamment les conditions et modes de vie, d'autres retiennent le niveau de revenu comme variable de mesure. Dans ce cas, la classe moyenne correspondrait aux groupes médians du revenu moyen. Au-delà de ces caractéristiques communes, les catégories socio-professionnelles qui composent la classe moyenne sont hétérogènes au point que certains préfèrent parler de «classes moyennes». On y trouve les cadres moyens, les employés, les commerçants, les instituteurs… Cette problématique commence à prendre de plus en plus d'importance dans les pays arabes. «Il y a encore 5 ans, le sujet était marginalisé. La classe moyenne a connu un recul dans certains pays arabes. Tel est le cas du Liban où cette classe représentait 82% de la population avant 1975 contre seulement 19% de nos jours. Ce recul est visible dans d'autres pays notamment en Irak et en Algérie. En Tunisie, cette catégorie sociale dépasse 80% de la population. La Jordanie a également connu une montée de la classe moyenne grâce au soutien de l'Etat. Par contre, en Egypte, il est difficile de créer une classe moyenne avec 1.800.000 naissances par année», souligne Samir Sobh, Economiste et rédacteur en chef du magazine «Arabies». Avec un taux de croissance de 8,1% en 2006 et un taux prévisionnel proche de 6% entre 2008 et 2012, les spécialistes restent sceptiques quant aux politiques à mettre en œuvre pour la création et l'ancrage de la classe moyenne. Pour relancer cette catégorie sociale, chaque ministère doit consacrer une partie de l'enveloppe qui lui est réservée à la promotion de cette classe. Pour rappel, une commission ministérielle a été constituée pour plancher sur les moyens et mécanismes à même de relancer la classe moyenne. Sa mission consiste à élaborer une politique de soutien à la classe moyenne et d'identifier les mesures destinées à améliorer ses conditions de vie.