L'enquête du HCP sur les classes moyennes a soulevé un tollé. Certains économistes remettent en cause les résultats de cette étude. Attendue depuis un an et demi, l'enquête nationale sur les classes moyennes, qui a été rendue publique mercredi 6 mai, a soulevé beaucoup de débats. Analystes, économistes, politiciens, citoyens ont été «choqués» d'apprendre que plus de la moitié de la population marocaine font partie de la classe moyenne. L'étude en question révèle que 53% de la population, soit 16,3 millions de Marocains, appartiennent à cette classe sociale. «La classe moyenne est loin d'être majoritaire dans notre pays. Elle représenterait 30% des Marocains», affirme l'économiste Driss Benali. Le Maroc aurait-il une structure sociale comparable à celle des pays développés ? «Le Maroc est un pays pauvre. Moins il y a de pauvres et plus la classe moyenne augmente. Il faut noter que 1,7 million de Marocains sont sortis de la pauvreté et 1,3 million de la vulnérabilité. La baisse de la pauvreté a alimenté la classe moyenne», explique Ahmed Lahlimi, haut commissaire au Plan. Selon la méthodologie du HCP, qui s'est basée sur les revenus et le niveau de vie, les salaires de cette catégorie sont situés entre 2800 DH et 6763 DH. Cette classe se constitue de trois catégories : la classe moyenne dite «supérieure», l'«intermédiaire» et la classe moyenne «inférieure». En dessous, on retrouve la classe dite «modeste» qui représente 34% de Marocains. En termes de revenu moyen des classes moyennes par ménage et par mois, M. Lahlimi indique que 28% constituent la catégorie supérieure avec un revenu dépassant la moyenne nationale (5.308 dirhams), 42% constituent la catégorie intermédiaire avec un revenu situé entre la médiane et la moyenne nationale alors que 30% représentent la catégorie inférieure avec un revenu inférieur à la médiane nationale (3.500 DH). Selon l'enquête, avec un revenu mensuel de 7.000 DH, on fait alors partie de la classe aisée. Ce qui peut paraître étrange alors que la plupart des économistes s'accordent à dire que la classe moyenne commence avec un salaire de 15.000 DH par mois. «Si la classe moyenne avait un tel seuil, il n'aurait pas eu le discours royal, destiné à renforcer cette classe sociale. Les Marocains rêvent d'une belle classe moyenne avec un revenu mensuel de 15.000 DH. Mais étant dans un pays pauvre, la classe moyenne est également pauvre. C'est l'image de la réalité que reflète le miroir de l'analyse statistique. Si cette image ne plaît pas aux gens ce n'est sûrement pas la faute au miroir», rétorque le haut commissaire au Plan. Les classes moyennes présentées par l'enquête bien qu'étant réparties en plusieurs sous-catégories représentent les mêmes caractéristiques, souffrant des maux sociaux qui rongent le pays. Elles connaissent le plus fort taux de chômage. L'étude relève à ce sujet que le taux de chômage au niveau de la classe moyenne est estimé à 14,6% contre 10,9% pour les ménages modestes et 10,4% pour les ménages aisés. La classe moyenne a un revenu qui couvre la totalité de ses dépenses de consommation et la proportion des ménages endettés parmi cette classe atteint 31% contre 37,5% des ménages aisés et 27,3% des ménages modestes. Après cette étude, le Haut Commissariat au Plan organisera dans un deuxième temps une rencontre qui sera focalisée, notamment, sur les facteurs d'évolution de la classe moyenne entre 1985 et 2007 ainsi que sur l'impact des politiques publiques sur l'élargissement et la promotion de ces classes.