Le Maroc vient de se voir accordé le statut «avancé» par l'Union européenne reflétant la décision de l'UE d'approfondir ses relations ainsi que de récompenser le Maroc pour ses réformes économiques et démocratiques. «Le Maroc est le premier pays de la région du sud de la Méditerranée à bénéficier du statut avancé dans ses relations avec l'Union européenne», a indiqué la Commissaire européenne pour les Relations extérieures et la politique européenne de voisinage, Benita Ferrero-Walder, au Conseil de l'Union européenne. «Le Maroc a engagé un ensemble de réformes dans tous les domaines. L'ambition du Maroc à vouloir obtenir un statut avancé dans le cadre de notre politique de voisinage consiste à renforcer ses liens avec l'Europe pour consolider ses acquis et pour impulser le processus de modernisation et de transition démocratique». Le ministre marocain des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri a fait savoir à la presse internationale que la concrétisation de l'accord témoignait du développement du Maroc dans de nombreux domaines. «Cet engagement européen sur le statut avancé est d'abord le témoignage d'une confiance dans l'effort du Maroc en termes de réformes politiques, de consolidation de l'Etat de droit, d'une meilleure justice, de réformes économiques, de cohésion sociale et de lutte contre la pauvreté», s'est-il félicité. Les négociations relatives à l'offre d'un statut avancé au Maroc sont sur la table depuis des années, attestant de l'approfondissement des relations politiques et économiques que connaissent le pays maghrébin et l'Union européenne ces dernières années. (...) L'appui de l'Espagne et de la France, qui entretiennent des relations économiques et historiques importantes avec le Maroc, était important pour l'obtention de ce statut, et encourage l'intensification de la coopération entre l'UE et les pays du sud de la Méditerranée. Malgré une compréhension mutuelle certaine, le concept de «statut avancé» demeure (peut-être délibérément) plutôt vague. Néanmoins, aujourd'hui, sa définition semble se préciser. L'accord comprend des propositions visant à élargir et approfondir les dispositions de libre-échange relatives à la circulation des capitaux, au développement durable et aux droits de propriété intellectuelle. La loi et la réglementation régissant l'économie et les autres domaines seront progressivement harmonisées. Selon certains comptes-rendus parus dans la presse, un «espace économique commun» s'inspirant de la structure de l'espace économique européen (EEE) pourrait être mis en place, donnant ainsi au Maroc accès aux réseaux trans-européens, notamment sur le plan énergétique et des transports. Sur le plan politique, le Maroc sera désormais en mesure de s'impliquer davantage dans le travail des organisations européennes de sécurité, à l'instar de l'Office européen de police (Europol), de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) et de l'Agence européenne du médicament (EMEA), et de coordonner et mettre en œuvre les opérations européennes de gestion de crises. Le nouveau statut prévoit aussi l'organisation de sommets politiques réguliers avec l'UE, tandis que les représentants marocains seront invités à participer aux rencontres ministérielles européennes. Néanmoins, comme les remarques de Ferrero-Waldner l'explicitent, le Maroc a sa part de responsabilité dans la mesure où l'UE entend voir une accélération du processus de réforme entrepris par le royaume. «Le statut avancé est considéré comme un privilège par le Maroc, mais en même temps, il crée un ensemble d'engagements, pour ne pas dire complications. Le Maroc doit maintenant engager un train de réformes », a expliqué Manar Slimi, professeur de sciences politiques à l'université Mohammed V, à la presse locale. Il a ajouté que le Maroc devait montrer plus d'ouverture, à un moment où le monde connaît une crise financière. La croissance marocaine devrait atteindre 5,8% l'année prochaine, contre 6,8% en 2008. Si les réformes engagées pour accroître la flexibilité économique devraient permettre d'embellir les perspectives de croissance à long terme, elles pourraient ne pas faire l'unanimité dans l'immédiat. Par ailleurs, les négociations relatives à l'extension des règles de l'accord sur l'EEE au Maroc et aux pays de la rive sud de la Méditerranée paraissent peu vraisemblables. L'EEE assure la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux mais aussi des personnes – un droit que l'UE semble réticente à offrir à ses partenaires d'Afrique du Nord. «Les Etats membres de l'UE résistent à des tentatives de libre circulation de la main-d'œuvre au sein même de l'Europe. Il est donc fort peu probable que l'UE ouvre son marché au Maroc dans un avenir proche», a déclaré Hugo Robinson, directeur de recherche à Open Europe, groupe de réflexion eurosceptique basé à Londres, à OBG. «Le Maroc est loin d'être sur un pied d'égalité avec la Suisse ou la Norvège», a-t-il ajouté.Bruxelles ne cache pas la satisfaction de ses relations avec le Maroc, mais comme l'indique sa position sur la question de la main-d'œuvre et sur le libellé de certaines «propositions» relatives au partenariat plus avancé, le processus d'intégration sera somme toute progressif. Néanmoins, le regain de soutien à l'ouverture et à la libéralisation du Maroc est bienvenu. • Oxford Business Group 27 octobre 2008