Ce qui m'a frappé –et peut-être est-ce là une des clés de leur réussite, c'est que «Azama» mêle en son sein des «quadras» pères et mères de famille et des jeunes –garçons et filles- de 20 ans. L'expression «vie de quartier» a longtemps eu un vrai sens dans notre pays. Une vie de quartier faite de solidarités, de relations de voisinage, d'entraide… rythmée par des événements le plus souvent collectifs : naissance, circoncision, mariage, décès, fêtes religieuses et marquée par ses joies et ses peines. Cela est beaucoup moins vrai aujourd'hui où l'individualisme, voire l'égoïsme ont gagné du terrain, où le rythme de vie est plus stressant, où les querelles et les conflits prennent le pas sur la convivialité et où les nouvelles générations ont perdu certains «réflexes» culturels. Pourtant, un certain nombre d'associations locales –de terrain, impliquées dans les quartiers- s'efforcent de recréer cet esprit, de retisser du lien social, de remettre du sens collectif au cœur de nos cités. J'en veux pour exemple, ce qu'a réalisé durant tout ce mois de Ramadan, l'association «Azama». Créée par des jeunes et des adultes au cœur d'un «quartier nouveau» de Aïn Chock, Azama est située au milieu des barres d'habitations du quartier «Soufiane», dans le prolongement «effrayant» des centaines (peut-être des milliers) de logements de la cité nouvelle «Mostaqbal», derrière la préfecture de Aïn Chock. Durant tout ce mois, cette association menée par un jeune maître d'arts martiaux, Azzedine Abouzid, a su mobiliser la population de ce quartier –toutes générations confondues- autour d'activités fédératrices. Tout d'abord, ils ont installé sur une petite place deux pergolas et une tente où chaque soir la table est dressée pour un f'tour de solidarité, destiné aux démunis, mais aussi aux ouvriers, aux personnes seules, nombreux sur les chantiers de ce quartier. Entourés de bidonvilles, Bachkou, Ouled Bouabid, Ramhna… ils ont organisé, grâce au Rotary Club Atlantic, une distribution de cartables au profit des enfants défavorisés y habitant. Mais surtout, afin de fédérer autour d'eux, le maximum d'habitants, ils se sont efforcés de faire vivre «une âme» en (re) donnant vie à des pratiques culturelles –collectives- ancrées dans nos mentalités : cérémonie du henné pour les petites filles à l'occasion de la Nuit du Destin ; photos sur un cheval harnaché pour les petits garçons vêtus à «la traditionnelle» ; couscous collectif à la mosquée, … etc. Bref, sans gros budget, mais avec de la mobilisation, de l'énergie, de l'engagement, ils ont réussi à instiller un vrai souffle à ce quartier de béton et de bitume. D'ailleurs, ils n'entendent pas laisser retomber ce souffle puisqu'ils préparent déjà une opération de circoncision collective pour les enfants des familles les plus modestes. Ce qui m'a frappé –et peut-être est-ce là une des clés de leur réussite, c'est que «Azama» mêle en son sein des «quadras» pères et mères de famille et des jeunes –garçons et filles- de 20 ans. Ce «mélange» a produit une vraie synergie et a permis de «ratisser» plus large. Je pense que nous tenons là une nouvelle forme –une piste- d'engagement associatif qui mérite d'être exploitée : sortir du cloisonnement (associations de jeunes, associations de femmes, associations d'handicapés,…. etc) afin de créer des structures trans-genres et trans-générationnelles. En tout cas, l'exemple de «Azama» est une vraie réussite, l'âme d'un quartier !