Le Parti du progrès et du socialisme vient de lancer une proposition pour «un nouveau contrat politique». Ismaïl Alaoui, secrétaire général du parti, explique les grandes lignes de ce contrat. ALM : Le PPS vient de proposer un nouveau contrat politique. Quelles sont les grandes lignes de ce contrat ? Ismaïl Alaoui : Notre proposition s'articule autour de quatre axes principaux. Il y a d'abord l'axe institutionnel et constitutionnel. Sur ce point, nous avons enregistré qu'il y avait une demande quasi générale pour une révision de la Constitution. Je pense qu'il est nécessaire de mettre la question de la révision de la Constitution au centre du nouveau contrat politique. Il faut préciser les domaines et les prérogatives de chaque pouvoir : exécutif et législatif. Il faut faire en sorte que l'autorité judiciaire soit également et véritablement indépendante. Sur le plan économique, la grande idée que nous annonçons est la nécessité d'établir l'Etat de droit dans le domaine de l'économie. Sur le plan social, nous estimons qu'il y a une embellie économique mais ses effets ne sont pas ressentis par le citoyen d'une manière immédiate. Nous souhaitons que la prochaine loi de Finances, malgré les contraintes économiques mondiales, fait du gouvernement El Fassi un gouvernement social. Si nous voulons assurer la stabilité de notre pays, et contrecarrer toutes les manœuvres que nous constatons au niveau régional, il y a une urgence que le front intérieur du Royaume soit solide et fort. Sur le plan culturel, il y a, entre autres, le problème de la langue nationale. Il ne faut pas seulement reconnaître l'amazighité en tant que culture et fondement de note identité nationale, mais il faut aussi accorder un intérêt à l'arabe.
Pourquoi un nouveau contrat politique aujourd'hui ? S'agit-il d'une campagne préélectorale lancée par le PPS ? La vie politique est un continuum. On ne peut pas la saucissonner. Il y a cinq ou huit mois nous mettons sur table cette proposition dans toutes les réunions publiques sans exception. Il ne faut pas la considérer comme faisant partie d'une campagne préélectorale. Je crois qu'il faut mettre un terme à ce genre de vocabulaire. La campagne politique est permanente et devrait être permanente. Souvent le citoyen nous fait des reproches, car les partis politiques ne se manifestent que dans les mois où il y a une campagne électorale. L'action politique doit être continue dans le temps. Dans ce contrat politique, nous appelons au débat. Mais nous avons nos préférences et nos principes. Nous accordons la priorité à la gauche et à la Koutla. Cela étant, les travaux de la conférence nationale sur ce contrat politique ont été marqués par la présence des partisans du RNI et même de militants qui sont actuellement dans le parti Authenticité et Modernité. Nous ne prétendons pas que le texte que nous formulons est le seul qui existe. Il est rectifiable. S'il voit le jour, cela serait une sorte de charte qui pourrait aider notre peuple à progresser dans la voie de la modernité et de la transformation profonde de nos structures.
Pour réaliser tous ces projets ambitieux, le PPS a besoin d'alliances avec d'autres formations politiques. A ce titre, qu'en est-il du bloc de la gauche ? Concernant le problème des alliances, nous estimons que notre structure politique est une structure pluraliste. Et aucune force ne peut prétendre qu'elle seule est capable de promouvoir ces changements. Nous appelons la gauche à se retrouver. Toutes les composantes de la gauche sans exception doivent se rencontrer et faire leur autocritique. La Gauche, toutes tendances confondues, ne peut pas espérer en l'état actuel des choses avoir la majorité de l'opinion publique avec elle. Il est donc nécessaire de s'ouvrir à la droite. Et là, nous avons une chance unique qui est la Koutla démocratique. On a beau la critiquer et lui jeter la pierre, mais c'est un acquis extraordinaire qui permettrait d'avoir une alliance qui irait de la Gauche jusqu'au Centre. Quant au bloc de Gauche, nous avons tenu une réunion à cinq : l'USFP, le PPS, le FFD, le PS et le PT. Cette action reste ouverte, spécialement vers le PSU et l'ensemble du rassemblement de la gauche socialiste. Il est certain que la situation actuelle de l'USFP bloque un peu le processus. Nous attendons que le second round du 8ème congrès ait lieu. Je suis sûr que tout de suite après il y aura une nouvelle impulsion à cette action.