Accusé de corruption, le gouvernement argentin a finalement déposé sa démission, samedi, alors que la colère gronde toujours dans les rues face au maintien des restrictions. Le gouvernement argentin a présenté sa démission samedi, après de violents incidents à Buenos Aires, tandis que le président Rodriguez Saa demandait aux banques de « contribuer à la paix » sociale en facilitant le paiement des retraites et salaires, retard à l'origine d'une nouvelle tension. Le gouvernement a annoncé que les ministres « ont mis à disposition du président Adolfo Rodriguez Saa leur démission », dans un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion avec le chef de l'Etat. Quelques heures plus tôt, des manifestations dénonçant le maintien des restrictions bancaires et la corruption de certains membres du gouvernement - en particulier le principal conseiller du président, Carlos Grosso - avaient de nouveau dégénéré en violents incidents. S'adressant au pays dans une déclaration télévisée samedi soir, Alfredo Rodriguez Saa n'a cependant à aucun moment évoqué la démission du gouvernement. Il ne s'est également pas référé directement aux incidents survenus dans la capitale dans la nuit de vendredi à samedi lors de la dispersion des manifestations par la police. Se disant « très préoccupé par ce qui se passe en Argentine », le chef de l'Etat a annoncé avoir « convoqué les représentants des banques pour leur demander de faire un effort pour ouvrir lundi, afin de couvrir le paiement des retraites et les retraits jusqu'à 1.000 dollars ou pesos ». Par contre, M. Rodriguez Saa n'a pas évoqué une éventuelle modification des restrictions aux retraits d'argent liquide, adoptées le 3 décembre… Ces derniers jours, des dizaines de milliers d'épargnants et de retraités mécontents ont fait la queue pendant des heures pour retirer le peu d'argent dont ils disposent depuis les mesures ayant restreint l'accès à l'argent liquide. Le président par intérim devait se réunir ce dimanche avec les gouverneurs de province de son mouvement, le Parti Justicialiste (PJ, péroniste) à Chapadmalal, à 400 km au sud de Buenos Aires, afin d'« analyser un thème important pour la vie des Argentins ». Cette rencontre a porté sur la réorganisation de l'équipe gouvernementale et sur la politique économique à suivre après l'annonce par M. Rodriguez Saa, d'un moratoire sur la dette publique d'un montant de 132 milliards de dollars, et de la création d'une troisième monnaie, l'argentino, non convertible, censée circuler courant janvier parallèlement aux deux autres monnaies, le peso et le dollar.Les gouverneurs péronistes devaient par ailleurs discuter du calendrier électoral. Car si celui-ci prévoit pour l'instant une présidentielle le 3 mars 2002, nombreux sont ceux qui désireraient pousser le mandat de l'actuel dirigeant jusqu'au 20 décembre 2003, date à laquelle l'ancien président De la Rua aurait dû passer le relais. Reste que pour l'heure, la population, toujours aussi nombreuse dans les rues, n'est pas convaincue. Ni par l'argentino, ni par le nouveau pouvoir en place…