Au Maroc, le secteur financier n'a guère souffert des perturbations qui ont affecté les marchés financiers internationaux. Le temps est venu d'accélérer le rythme d'ouverture de l'économie marocaine. Le secteur financier marocain n'a guère souffert des perturbations qui ont affecté les marchés financiers internationaux et le pays poursuit sa préparation de la mise en place d'un régime monétaire plus souple, selon un rapport récemment rendu public par la banque centrale. Banque Al Maghrib a annoncé que le Maroc poursuivait ses efforts visant l'ouverture du compte de capital et l'assouplissement du régime de change, en dépit des perturbations financières qui ont affecté les marchés financiers internationaux suite au resserrement du crédit à l'échelle mondiale. Le régime de change actuel est basé sur le rattachement du dirham à un panier composé de l'euro et du dollar. Plusieurs facteurs ont contribué au renforcement du système financier marocain. Les prêts classés comme douteux (prêts non performants) ont baissé au cours des quatre dernières années, passant de 19% à 6,5% des actifs. Par ailleurs, les taux d'intérêt ont enregistré une baisse tandis que l'essor des activités économiques non agricoles comme le tourisme, la construction et l'industrie automobile, ont permis au Royaume de diversifier sa base économique. De surcroît, l'Investissement direct étranger (IDE) affiche une tendance haussière, et le Fonds monétaire international (FMI) prévoit qu'il atteindra 3,8% du Produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 1,5% en 2004. Dans ce contexte favorable, le gouvernement a pu mettre en œuvre les réformes nécessaires visant à faciliter les mouvements financiers en dehors du pays. Auparavant, des mesures de restriction faisaient barrage à la sortie de capitaux, un phénomène auquel le pays était confronté en raison de l'instabilité bancaire et du fragile équilibre économique reposant sur un secteur agricole exposé aux risques de sécheresse. En dépit du ralentissement de la croissance du PIB réel à 2,7 % en 2007 suite à la forte contraction de la production céréalière, le gouvernement et le FMI tablent sur une relance économique cette année à hauteur de 6%, ce qui devrait encourager les pouvoirs publics à adopter un régime de change plus souple et une stratégie d'ouverture des capitaux. Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib, a annoncé au mois de mars que le régime de flottement du dirham pourrait être instauré plus tôt qu'initialement prévu en 2010, en dépit du chaos causé par la crise sur le marché des crédits (subprime). Le 25 juillet dernier, un représentant du gouvernement a confirmé l'intention de la banque centrale d'assouplir le régime de change plus tôt que prévu, ce qui devrait donner au pays plus de contrôle sur sa politique monétaire – et donc sur son taux d'inflation - et devrait permettre aux investisseurs de mieux appréhender la performance économique du Maroc. Néanmoins, il reste encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir mettre en place un régime de flottement. Il s'agit de doter l'ensemble du système bancaire de systèmes de gestion des risques. Pair ailleurs, les exportateurs et importateurs doivent se préparer à faire face aux fluctuations de la monnaie. Malgré la consolidation du secteur financier ces dernières années, et le fait qu'il ait jusqu'à présent réchappé aux perturbations du marché mondial, tous les analystes ne baissent pas la garde. En février, l'agence de notation financière Standard & Poor's (S&P) a placé les banques marocaines dans le groupe huit (sur un total de 10 groupes) de son classement global portant sur l'analyse du risque de l'industrie bancaire. S&P a mis en garde contre une croissance trop rapide et inédite des crédits, et contre l'exposition de l'économie nationale au risque de cyclicité du marché, estimant que les prêteurs pourraient en faire les frais. De surcroît, S&P a indiqué que les banques marocaines étaient de plus en plus vulnérables à l'expansion géographique des grands acteurs du secteur (à l'image de la Banque Centrale Populaire et d'Attijariwafa, qui ont établi des filiales en Afrique et dans le Maghreb). Néanmoins, le gouvernement assure que les crédits entre les mains de prêteurs étrangers représentent une petite partie du portefeuille d'actions des banques marocaines. Etant donné la consolidation des paramètres fondamentaux de l'économie nationale, et celle du système financier, ces dernières années, le temps est venu d'accélérer le rythme d'ouverture de l'économie. • Oxford Business Group (2 septembre 2008)