Une rencontre de plasticiens du Nord a été organisée à Nador pour inciter les jeunes à l'apprentissage tout en renforçant la coopération artistique entre Malaga et Nador. La salle d'exposition du complexe culturel de la ville de Nador abrite jusqu'au 15 août la deuxième rencontre des plasticiens du Nord avec la participation de sept plasticiens de Nador (Abdelali Boussatati, Hafid Khadiri, Siham Halli, Mohammed Ajjour, Mohammed M'tougui, Bouarfa Abadour, Chaib Oulhaji) et deux d'Al-Hoceima (Anderrahmane Skalli et Souad Chakouti). Une rencontre qui s'inscrit dans le cadre de la coopération culturelle entre les municipalités de Nador et de Malaga. Elle ambitionne de sélectionner une série d'œuvres en mesure de représenter dignement les plasticiens des deux villes lors de leurs échanges culturels. Un travail de coopération entamé il y a déjà quatre ans et qui est financé par l'Union européenne dans le cadre du programme Intreg III qui encourage les échanges culturels et artistiques entre les villes frontalières : le sud de l'Espagne et le nord marocain. Les quarante trois toiles exposées sont réalisées dans un but de complémentarité artistique. Ils abordent différents thèmes et recourent à plusieurs techniques pour présenter aux jeunes une panoplie de formules à maîtriser et de thématiques à pourvoir. «C'est aux apprenants de choisir s'ils veulent peaufiner leurs talents ou tout simplement passer un temps de loisir grâce à une activité artistique», a noté Hassan Metaich, coordinateur de la rencontre. Il s'avère ainsi que cette exposition répond aussi à un souci pédagogique. «On ne peut concrétiser un sentiment avec des couleurs et des matériaux de peinture sans pouvoir l'expliciter», soutient Mohammed Ajjour, le vétéran des artistes exposants. C'est aussi une opportunité pour vulgariser chez le public les techniques de travail sur les toiles. Plusieurs enfants et jeunes de Nador, Selouane, El Aroui ou Al Hoceima ont exprimé leur souhait de suivre des séances de mise en forme de tableaux. «C'est ce que nous essayons de faire tout en synchronisant l'aspect ludique d'une telle approche avec le volet théorique. Il ne suffit pas de vouloir faire des toiles mais de maîtriser certaines techniques de base», explique à ALM Siham Halli (artiste exposant) tout en précisant que «ces techniques se rapportent à la délimitation du corpus sur lequel l'apprenant s'exerce, les matériaux de travail, les outils de mise en forme finale et la spécification de la thématique». Plusieurs de ces jeunes ne se soucient pas de l'importance d'une démarche réfléchie. Le plus souvent ils se lancent dans la peinture avec passion et montent leurs œuvres au fur et à mesure. Il arrive que cela donne des travaux réussis et réconforte les formateurs à l'instar de Anderrahmane Skalli qui ne cesse de s'exercer en ateliers pour orienter dans le bon sens des «créateurs en herbe». Mais «le sens est la pierre angulaire dans ce type d'exercice. Il peut être multiple et c'est le cas de la grande majorité des œuvres faites par les novices ou érudits», renchérit Skalli. La touche créative se travaille et n'est pas du ressort d'un coup de hasard. «Les thèmes qu'ils soient inspirés de notre culture marocaine ou d'autres courants artistiques reflètent une partie de notre vie quotidienne avec des connotations philosophiques, artistiques aux multiples dimensions», rapporte la brochure explicative de la rencontre. Il est à noter aussi que la finalité affichée par les organisateurs est de mettre au devant de la scène des artistes chevronnés, souvent oubliés, mais qui ont beaucoup de choses à inculquer. L'art plastique n'est pas du seul ressort des études académiques car les autodidactes sont aussi à l'origine de singularité surprenante. «D'ailleurs plusieurs chefs-d'œuvre sont le fruit d'un coup de génie à l'état pur», a précisé Mr Ajjour.