De coutume, ce sont les enfants qui paient les pots cassés dans un conflit qui éclate entre les parents. Les enfants de Loubna et de Brahim en sont l'exemple. «M. le président, je n'ai pas pu me maîtriser quand elle m'a provoqué…», a déclaré Brahim au président de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca quand il l'a interrogé sur le mobile de son crime. Pourquoi n'avait-il pas pensé à ses deux enfants quand il a été provoqué par son épouse, Loubna ? Pourquoi cette dernière n'a pas pensé à ses deux enfants avant d'inciter son mari à commettre l'irréparable ? Pourquoi tous les deux n'ont pas tenté de trouver une solution à l'amiable ? En fait, personne ne concevait que la relation amoureuse et conjugale entre Loubna et Brahim prendrait fin dans une mare de sang. Tout le monde dans le quartier faisait état de l'amour qui les attachait au point que les jeunes époux rêvaient de mourir ensemble, le même jour et à la même heure. Ils se sont rencontrés, la première fois, au lycée. Certes, ils ne partageaient pas la même classe puisqu'il était au niveau baccalauréat et elle était en première année d'enseignement secondaire. Mais, ils partageaient l'amitié avec la même fille qui demeurait au quartier de Brahim et poursuivait ses études dans la même classe que Loubna. Décrochant son diplôme de baccalauréat, Brahim a accédé à la Faculté de droit de Casablanca sans rompre sa relation avec Loubna, avec qui il a commencé à partager des sentiments nobles. Quand il a abandonné ses études universitaires et a été recruté au sein d'une entreprise, Loubna a tourné définitivement le dos aux études. Elle avait l'intention de s'inscrire dans une école d'informatique. Seulement, Brahim est arrivé à la demander en mariage et l'a sollicitée à se préoccuper uniquement de son foyer. Par amour, elle n'a pas contesté sa proposition. Pas moins de quelques mois plus tard, le couple s'est trouvé sous le même toit en train de rêver d'avoir des enfants. Samir et Mourad sont venus égayer leur foyer. Quand le premier est arrivé à son sixième printemps et le second à son troisième, les malentendus ont commencé à planer sur le foyer. Pourquoi ? Brahim avait remarqué que son épouse n'avait plus envie de partager avec lui le même lit et qu'elle prétendait souvent être malade et être fatiguée. Un comportement qui a alors nourri ses soupçons. Etait-il cocu? C'est précisément la question qui a commencé à germer dans sa tête. «Entretiens-tu une relation avec quelqu'un d'autre ?», lui a-t-il demandé. Loubna a gardé le silence sans lui répondre. Un silence qui a alimenté ses soupçons jusqu'au summum. Quelques jours plus tard, quand ils étaient dans le même lit, il lui a exprimé son envie de «coucher» avec elle. Elle a refusé. Pourquoi? Elle ne lui a pas répondu. Elle s'est contentée de lui tourner le dos. Perdant ses nerfs, Brahim lui a demandé une fois de plus si elle avait un amant. Hors d'elle, elle s'est relevée pour crier : «Oui…». Une réponse qui l'a mis hors de lui. Il l'a frappée violemment avant d'aller à la cuisine, saisir un couteau, la rejoindre à la chambre à coucher et lui a asséné des coups mortels. Un crime qui lui a coûté vingt ans de réclusion criminelle. Ce sont finalement leurs deux enfants qui paient les pots cassés.