Sous l'effet de la drogue et de l'alcool et en présence d'une jeune fille, le sentiment d'amitié entre Noureddine et Mustapha a cédé la place au sentiment de vengeance. L'un a été tué et l'autre a été châtié. De coutume, les mis en cause nient les charges retenues contre eux lorsqu'ils se tiennent devant la Cour. Noureddine a fait l'exception. Devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida, il a reconnu avoir commis son crime. Par regret ? «Oui, je regrette d'avoir tué Mustapha…», a-t-il dit. Étrange ! Il a regretté de l'avoir liquidé alors qu'il souhaitait le tuer avant de passer à l'acte. «C'est la vengeance qui m'a encouragé à commettre ce crime, M. le président…», a-t-il affirmé sur un ton de regret. Qui est-il ? Qui est Mustapha ? Et pourquoi l'a-t-il tué ? Issu d'une famille nécessiteuse de la capitale doukkalie, Noureddine rêvait d'avoir un bon chemin estudiantin afin de décrocher un diplôme susceptible de lui permettre de gagner dignement sa vie et subvenir à sa famille. Effectivement, il a déployé tous ses efforts pour y arriver. En vain. En arrivant à la huitième année d'enseignement fondamental, il s'est retrouvé à la rue. Deux échecs successifs qui ne lui avaient pas permis d'avoir le plaisir de reprendre ses études. Quelques mois en compagnie des garçons du quartier étaient suffisants pour qu'il devienne un toxicomane et un soûlard. Il avait cessé d'être un garçon sympathique et sage. Il est devenu violent, agressif, cruel et sans pitié. Un changement radical durant un court laps de temps. Mustapha était son ami depuis l'enfance, celui avec lequel il partageait la même table en classe. Mustapha a pour sa part continué ses études. Mais il n'a pas pu dépasser le niveau du baccalauréat. Au fil du temps, il est devenu également victime de la vanité et du chômage, puis de la drogue. La relation entre Noureddine et Mustapha est devenue plus intime autour des joints et des boissons alcoolisées.La dernière fois, ils se sont rencontrés le matin. Chacun d'eux s'est débrouillé pour avoir une petite somme d'argent susceptible de payer du haschich et quelques cannettes de bière ou un « trois quart » de vin rouge. S'ils avaient fumé, le matin, le premier joint de la journée, ils n'avaient commencé à « picoler » que vers le soir. Vers 21 h, ils ont rencontré une fille de joie qui a partagé avec eux les verres de vin rouge. Deux heures plus tard, Mustapha a obligé la fille de joie à l'accompagner. Un comportement que Noureddine n'a pas accepté. Une prise de bec a éclaté entre eux et Noureddine s'est senti humilié. «Il m'a dit que je n'ai pas besoin d'une femme parce que je ne suis pas un homme… », a précisé Nouredine à la Cour. Quand Mustapha a disparu avec la fille, Norreddine a pensé à se venger. Il a alors suivi les pas de Mustapha jusqu'au moment où il l'a surpris dans un terrain vague, en compagnie de la fille de joie. Sans pitié, il lui a asséné trois coups de couteau. Et il est resté près du cadavre jusqu'à l'arrivée de la police. Un acte criminel qui lui a coûté quinze ans de réclusion criminelle après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.