Al Di Meola, l'un des prestigieux guitaristes de jazz au monde, a tenu l'audience du théâtre Mohammed V en haleine jusqu'à la fin de son spectacle, lundi 19 mai, dans un concert organisé dans le cadre de la 7ème édition du festival Mawâzine. Dès l'entrée en scène d'Al Di Méola, une alchimie unique s'est produite entre lui et le public. Le génie de la guitare est resté ébahi par l'accueil chaleureux d'un public connaisseur et assoiffé de bonne musique, qui était présent au théâtre Mohammed V ce lundi 19 mai. «Je n'avais jamais prévu cet accueil», avait-il avoué, séduit par un public émerveillé. Ce virtuose a enflammé le théâtre Mohammed V avec son quartette acoustique composé du guitariste Peo Alfonsi de la Sardaigne, le percussionniste new-yorkais Gumbi Ortiz et de l'accordéoniste italien Fausto Beccalossi. Une formule où se crée une musique authentique qui ne dépend ni de claviers ni de sonorités électroniques mais où l'on sent la liberté rythmique d'Al Di Meola et où le jeu de ce dernier, devient aussi puissant que celui d'une batterie. «J'ai commencé la musique en jouant de la batterie. Ainsi mon approche de la guitare a été, dès le début, spontanément une approche avant tout rythmique. J'ai une affinité particulière avec le rythme et c'est ce qui me connecte avec le public. D'ailleurs j'adore le Maroc pour la richesse de ses rythmes», a-t-il déclaré à ALM avant de monter sur scène. Dès la première note du concert, le public a vibré avec une musique qui d'une manière ou d'une autre, tire ses racines de la Méditerranée et de l'Amérique latine, notamment de la Sardaigne, Cuba, l'Argentine... La vitesse du doigté du guitariste ne porte pas atteinte à la réelle profondeur de sa musique. Un pur moment de bonheur, sinon un rêve qui se réalise, pour tous les mélomanes qui sont venus nombreux pour voir cette légende vivante du jazz qu'est Al Di Meola. Il leur a offert un répertoire tiré de son dernier album qui s'intitule «Al Di Meola World Sinfonia» La Melodia Live In Milano, mais également une chanson tirée de son fameux duo avec Paco De Lucia. Tout au long du concert, le public était habité par le rythme et la beauté des mélodies du virtuose. En terme d'écriture, il a exécuté une musique, plus proche du classique que du jazz. Ainsi il pouvait jouer des phrases parfaitement à l'unisson avec l'accordéon. Il y avait également dans ses morceaux des parties réservées aux improvisations. Une musique structurée d'une façon complexe et imprévisible et où, dans un même morceau, s'alternaient différents rythmes (frénétiques et lents) et vélocités (fortes et douces). Al Di Meola a tenu son audience en haleine jusqu'à la fin du spectacle. Sa musique tient en permanence l'auditeur sur le qui-vive et n'arrête pas de le surprendre. Il a offert à son public une musique épique et profonde. Les cordes et les notes émergeant de sa guitare donnaient à entendre, voire le vent, les tempêtes, les vagues, la nature, la Méditerranée, sinon le monde. Sûrement ceux qui ont assisté au concert d'Al Di Meola du lundi 19 mai, sont sortis avec un nouveau souffle, une nouvelle conception de la musique.Pour l'information, «Al Di Meola World Sinfonia, La Melodia Live In Milano», qui était mis en vente à la sortie du concert se sont tous vendus. Al Di Meola est né le 22 juin 1954 à New Jersey City. Sa carrière commence en 1974 quand Chick Corea fait appel à lui pour être le guitariste du groupe «Return to Forever», le premier groupe de fusion des années 70. «J'avais 19 ans quand j'ai commencé à jouer avec «Return to forever». J'étais débutant et je n'avais pas alors complètement développé mon jeu et mes compositions. J'étais très content de faire partie de cette expérience unique qui a marqué un tournant dans ma carrière et qui m'a permis d'évoluer», a-t-il déclaré à ALM. Il se lance dans une carrière solo à partir de 1976 après l'éclatement du groupe. Depuis il a enregistré plus d'une trentaine d'albums dont le fameux «Friday Night in San Frisco» avec John McLaughlin et Paco De Lucia. Sa grande technique et sa virtuosité font de lui l'un des musiciens les plus en vue de la scène jazz internationale. Dommage pour ceux qui ont raté le spectacle.