Alors que les affrontements entre l'Inde et le Pakistan continuent sur le terrain, les discours annoncent dangereusement le possible recours à l'arme nucléaire. Un haut gradé de l'armée pakistanaise a déclaré lundi que la multiplication des accrochages à la frontière indo-pakistanaise pourrait provoquer entre les deux pays une brusque escalade de la violence susceptible d'impliquer l'utilisation de l'arme nucléaire… Depuis l'attentat contre le Parlement indien le 13 décembre dernier, la tension monte régulièrement et dangereusement d'un cran entre les deux « frères ennemis » qui revendiquent depuis près de 50 ans, le territoire du Cachemire. Accusé par New Delhi d'abriter les mouvements terroristes auteurs de l'attaque contre l'administration indienne, Islamabad, est sommé d'en arrêter les responsables. Au moment où la pression diplomatique est au plus fort avec le renvoi par l'Inde d'un diplomate pakistanais, les combats s'intensifient depuis plusieurs jours le long de la Ligne de contrôle, bande-frontière entre les deux puissances asiatiques. L'armée pakistanaise y a déployé lundi des batteries de DCA et transféré des soldats de la garnison orientale de Sialkot tandis que l'Inde y a redéployé ses forces en fin de semaine dernière. Les deux parties ont également fait état d'échanges de tirs de mortier et de mitrailleuse lourde dans d'autres parties de la région. Qualifiée de « hautement explosive », par le militaire pakistanais, Mohammad Yaqub, la situation pourrait s'acheminer vers l'utilisation de la puissance nucléaire, que les deux pays ont officiellement acquise en mai 1998. « Le moindre incident peut déclencher une réaction en chaîne que personne ne sera en mesure de maîtriser », a ajouté M. Yaqub qui a conclu que le déclenchement d'une véritable guerre pourrait s'avérer « vraiment terrible pour le monde entier »… Lundi, un mouvement séparatiste cachemiri basé au Pakistan et accusé de terrorisme par New Delhi a en outre décidé d'envoyer son aile militaire dans la partie indienne du Cachemire, peuplée en majorité de musulmans. A la suite d'un appel lancé la semaine dernière par Washington, la banque centrale pakistanaise a annoncé le même jour le gel des avoirs de Lashkar-e-Taïba, ainsi que d'un autre groupe, Umma Tameer-e-Nau, tous deux accusés de terrorisme par les Etats-Unis. En attendant, des centaines de civils paniqués par cette reprise des tirs ont commencé à fuir la zone frontalière pour se réfugier dans des régions éloignées.