Les propos tenus, jeudi 17 avril, par le président du CCDH sur le Code de la presse, ont suscité une vive polémique. Ahmed Herzenni répond à ses détracteurs. ALM : Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent d'avoir eu des mots durs à l'égard des journalistes, lors d'une récente rencontre autour du Code de la presse ? Ahmed Herzenni : Je dois, d'abord, préciser que nous avons affaire à un débat. Et qui dit débat, dit échange franc, et direct, sur des idées avec lesquelles on peut être d'accord ou pas d'accord. Ce que j'ai dit, lors de la rencontre de jeudi sur le Code de la presse, doit être pris sous cette optique. Or, quels propos ai-je tenus exactement? Lors de cette rencontre, j'ai émis trois constats principaux. J'ai dit, d'abord, que le nouveau Code de la presse ne devrait pas donner aux journalistes une sorte d'immunité face au Code pénal, sachant bien que les journalistes sont des citoyens comme les autres. J'ai dit, ensuite, que la question du respect de l'éthique par les journalistes se pose avec acuité, aujourd'hui plus que tout autre temps. Il est inadmissible de constater, à chaque jour que le Bon Dieu fait, que certains journalistes (je dis bien certains journalistes) foulent aux pieds les règles déontologiques du métier. Il est inacceptable que ces derniers colportent des rumeurs, sans prendre la moindre peine de vérifier l'information, de recouper les sources… Il est intolérable que la dignité, la vie privée et l'honneur des citoyens soient piétinés à la faveur de la rumeur et autres propos infondés. Pour ce qui est du troisième constat, j'ai dit que la liberté de la presse devrait passer par le respect de la citoyenneté et les intérêts de la Nation. Vous avez, également, manifesté votre irritation quant au traitement médiatique qui a été fait de l'examen, dernièrement à Genève, de la situation des droits de l'Homme au Maroc. Qu'est-ce qui justifie votre irritation? La manière dont certains organes de presse nationaux se sont comportés avec cet événement laisse pantois. Alors que tous les pays, ou presque, saluaient les progrès réalisés par le Maroc sur le dossier des droits de l'Homme, ces organes, ajoutés à certaines associations des droits de l'Homme, ont émis des avis, sinon négationnistes, du moins négatifs sur leur propre pays.
Quelle est votre position sur le maintien des peines privatives de liberté dans le Code de la presse ? Je voudrais de tout cœur que les peines privatives de liberté soient abolies du Code de la presse. La liberté est une condition indispensable à l'exercice du métier de journaliste. Mais cette liberté est, d'abord, une responsabilité. Les journalistes sont appelés pour leur part à engager des efforts pour observer un strict respect de l'éthique journalistique. Nous voulons un Code de la presse à la hauteur de ceux qui existent dans des pays démocratiques et avancés, mais il faut que ce Code soit accompagné de règles en mesure de garantir une organisation interne efficiente du métier et un strict respect de l'étique journalistique.