L'opposition dans son ensemble avait tenté d'exploiter le passage de la flamme olympique pour mettre en difficulté Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Depuis de longues semaines la flamme olympique, devenue malgré elle, l'emblème de la crise tibétaine, cristallise le débat politique français. En plus de l'indispensable régime amaigrissant de l'Etat proposé par Nicolas Sarkozy pour tenter de reconquérir une popularité perdue, l'opinion française semble se passionner pour l'attitude à adopter à l'égard de la Chine et sa politique agressive à l'égard des Tibétains. Cette passion s'impose à l'œil nu à longueur de débats télévisés, d'émissions de radios et d'articles dans la presse et sur les sites d'information d'Internet. Cet intérêt doit atteindre un niveau paroxystique avec le passage aujourd'hui lundi de la flamme olympique qui doit parcourir 27 km entre la tour Eiffel et le stade Charléty. Les autorités françaises ont entouré cet événement de conditions sécuritaires maximales de crainte de voir certaines associations des droits de l'Homme, ou militantes pour la liberté de la presse comme «Reporters sans frontières» profiter de cette tribune parisienne pour renouveler et amplifier «l'exploit» grec. L'image est encore fraîche dans les mémoires quand Robert Ménard, le visage impassible et familier de RSF, avait réussi à perturber la cérémonie de transmission de la flamme en Grèce. Le pouvoir chinois était entré dans une colère noire. Le dispositif de sécurité à Paris pour protéger le parcours de la flamme est suffisamment verrouillé pour inspirer des commentaires acrimonieux à l'opposition dans la capitale comme le démontre un des dirigeants des Verts, Denis Beaupin : «On nous avait dit qu'avec les Jeux olympiques on aurait plus de démocratie dans l'Etat policier chinois. Force est de constater qu'avec les Jeux olympiques on a plus d'état policier dans les pays démocratiques». L'opposition dans son ensemble avait tenté d'exploiter le passage de la flamme olympique pour mettre en difficulté Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Jean-Marc Ayrault, le patron du groupe PS à l'Assemblée nationale avait formulé cette demande de déployer le drapeau tibétain au fronton du Parlement français en signe de protestations contre la politique répressive de la Chine au Tibet, avec cet argument: «Au moment où la flamme olympique va traverser Paris et passer devant le Palais-Bourbon, nous souhaitons que la représentation nationale exprime son soutien à ces hommes courageux qui luttent contre l'oppression». Ce à quoi Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale a répondu de manière technique et juridique : «Selon une règle générale qui est applicable aux frontons de tous les édifices publics, les seuls drapeaux susceptibles de pavoiser le fronton de l'Assemblée sont le drapeau européen en même temps que le drapeau national (...) et le drapeau du pays dont le chef de l'Etat est en visite d'Etat en France». Le maire socialiste de la capitale Bertrand Delanoë n'est pas en reste. A la recherche de la première occasion pour marquer sa différence et de se positionner dans la course du leadership de sa propre famille politique, il avait annoncé le 2 avril, au risque de provoquer l'ire des autorités chinoises, qu'il y aura une banderole «Paris défend les droits de l'Homme partout dans le Monde» sur l'Hôtel de Ville». Cette position a été accueillie avec moins de sarcasme que la décision de la commission des athlètes du Comité national olympique et sportif français de faire porter aux athlètes français un badge sur lequel est écrit ce slogan «Pour un monde meilleur». Une prise de position jugée timide et sans valeur. Et pendant que les mobilisations se poursuivent autour de la flamme olympique pour dénoncer les violations des droits de l'Homme en Chine, c'est le moment choisi pour Rama Yade, secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme dans le gouvernement Fillon pour accentuer la polémique dans la relation franco-chinoise. Dans un entretien au journal «Le Monde» daté du lundi 7 avril, elle lance un énorme pavé dans la mare en évoquant sous quelles conditions, le président Nicolas Sarkozy pourrait assister à la cérémonie d'ouverture des JO à Pékin : «trois conditions sont indispensables pour qu'il s'y rende : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l'ouverture du dialogue avec le dalaï-lama».